Le ministre sud-africain des Finances, Enoch Godongwana, affirme que les évaluations occidentales des agences de notation ne reflètent pas les fondamentaux économiques du continent africain.
Cité par Bloomberg, samedi 14 novembre, Enoch Godongwana a déclaré que les principales agences de notation mondiales ont fait preuve d’un « parti pris » contre les pays africains. Et ce, en leur attribuant des scores de crédit inférieurs à ceux de leurs pairs présentant des indicateurs fiscaux similaires.
Ces propos d’Enoch Godongwana interviennent au lendemain de la présentation d’un budget assorti de perspectives fiscales améliorées. Il assure cependant qu’il ne s’attendait pas à une amélioration de la notation de son pays. « J’ai le sentiment que rien n’est joué d’avance […] Ce sera un bonus s’ils nous attribuent une meilleure note », a-t-il souligné, dans une interview accordée avant la dernière évaluation de S&P Global Ratings.
En effet, l’agence S&P a attribué à la dette extérieure à long terme d’Afrique du Sud la note BB-. Soit trois crans en dessous de la catégorie investissement. Et elle maintient une perspective positive depuis novembre dernier, laissant entrevoir la possibilité d’une amélioration de cette note. Les agences de notation concurrentes Moody’s et Fitch classent également la dette du pays en catégorie spéculative…
Un rapport d’un groupe d’experts qui sera présenté au sommet du G20 – prévu cette semaine à Johannesburg – fournira « des données pour le prouver », a ajouté le ministre.
Ainsi, du fait de leurs notations plus faibles, les gouvernements africains paient des coûts d’emprunt bien plus élevés que les pays d’autres régions, relèvent des données citées par Bloomberg. Le rendement moyen des obligations souveraines libellées en dollars d’Afrique subsaharienne s’élève à 9,1 %. Soit plus de 6,5 % en Amérique latine et près du double des 4,7 % en Asie émergente. Sur les dix pays souverains affichant les spreads les plus élevés au monde, six sont africains : le Sénégal, le Gabon, le Mozambique, le Cameroun, l’Angola et la République du Congo.
Le Ghana et la Zambie ont également critiqué par le passé les agences de notation internationales, affirmant que les dégradations de notes effraient les investisseurs et compliquent leur accès au crédit. En 2023, le président ghanéen de l’époque, Nana Akufo-Addo, avait déclaré que le « comportement irresponsable » de ces agences avait aggravé les difficultés financières de son pays.