Dans une chronique cinglante, le député et militant Biram Dah Abeid fustige la gestion économique de la Mauritanie et son rapport de soumission au Fonds Monétaire International. Il accuse les dirigeants de faire porter le fardeau de leurs malversations à la population, au prix d’une austérité socialement dévastatrice.
Le Fonds Monétaire International (FMI) vient une nouvelle fois de « recommander » à la Mauritanie d’accélérer la suppression des subventions sur les hydrocarbures. Le parlementaire précise que, derrière le langage feutré de la diplomatie, l’institution lance un accusation brutale : « Vous n’êtes pas crédibles, avez failli au devoir de vérité et vos omissions se paient cher ». Le gouvernement, pour sa part, diffère sans débat à ces injonctions. « Le FMI ‘suggère’, et Nouakchott ‘exécute' », constate amèrement Biram Dah Abeid, s’interrogeant : « Que subsiste-t-il de la souveraineté et de la dignité nationale ? »
Une thérapie de choc qui « étrangle les moins nantis » au lieu de miser sur le FMI
Les conséquences de ces réformes budgétaires sont, souligne-t-il, catastrophiques pour la majorité des Mauritaniens. « La rançon du redressement va générer un carburant onéreux, une alimentation et un transport hors d’atteinte des revenus modestes, bref une vie de privations appliquée au grand nombre ».
Il décrit un effet domino dévastateur : « Dès que le tarif du litre d’essence augmente, une chaîne entière de l’activité vacille puis s’écroule ». Dans un pays où « le salaire minimum ne permet pas de couvrir une semaine de dépenses essentielles », cette politique « revient à étrangler les moins nantis, littéralement ».
La corruption des élites, cause originelle de la crise
Le député renverse l’accusation : si le FMI impose sa rigueur, c’est en raison des « malversations, errements de gestion, détournements, conflits d’intérêts et autres dysfonctionnements dus à l’inconduite d’une élite corrompue ». Il cite deux « éléphants blancs » notoires : le projet Aftout Essahli (900 millions de dollars engloutis) et le port de Ndiago (400 millions injectés), symboles d’une gabegie nationale. Il dénonce un système pervers où « la socialisation du risque et la privatisation du profit huilent l’engrenage très rodé de la régression ».
Un appel à la résistance et à la responsabilité
« Nous ne rejetons pas la réforme mais en contestons l’aveuglement et la misanthropie sélective », précise l’élu. Il en appelle à un sursaut : « Dire non lorsque l’injonction étrangère contredit l’intérêt général des Mauritaniens tient à la fois de l’utilité publique et de la prudence comptable ».
Rappelant que « le FMI n’est pas le gouvernement », il conclut sur la vocation fondamentale de l’État : « Gouverner comporte, en priorité, l’obligation de protéger » les citoyens; non de leur « imposer la souffrance » pour des erreurs qu’ils n’ont pas commises.