Le secteur textile connaît une « stabilisation générale », mais certaines filières restent en difficulté, notamment le denim, confronté à une concurrence accrue de l’Égypte et du Maroc, selon Hichem Bouajila, président de la Fédération tunisienne du textile et de l’habillement.
Le denim, qui emploie près de 30 000 salariés dans les régions du Sahel, de Nabeul, de Tunis et de certaines zones intérieures, pâtit de produits concurrents bénéficiant d’investissements massifs et d’avantages financiers et énergétiques absents en Tunisie.
Le secteur tunisien se distingue par la variété de ses productions : vêtements prêt-à-porter, textile d’ameublement (rideaux, housses, tissus intérieurs), textiles techniques pour l’automobile, l’aéronautique et le bâtiment, ainsi que vêtements professionnels et sportifs (uniformes, tenues militaires, de sécurité et de protection civile). Cette diversité confère au secteur une certaine flexibilité face aux fluctuations du marché, mais certaines spécialités restent vulnérables à la concurrence régionale et internationale.
Obstacles législatifs et financiers
Selon Hichem Bouajila, le cadre légal et les procédures bureaucratiques constituent des freins majeurs au développement du secteur. « Des lois inopérantes ralentissent la création de nouvelles entreprises et l’expansion des unités existantes, ce qui affaiblit notre compétitivité par rapport à d’autres pays de la région comme l’Égypte et le Maroc », explique-t-il.
Le coût élevé du financement en Tunisie constitue également une barrière à l’investissement, particulièrement pour les petites et moyennes entreprises, essentielles au secteur. Un système fiscal stable et des perspectives législatives claires sont, selon lui, indispensables pour créer un climat d’affaires favorable.
Influences internationales
La situation du textile tunisien est également impactée par le contexte international. Les principaux marchés d’exportation, notamment européens, connaissent un ralentissement économique lié aux crises, aux conflits régionaux et aux tensions géopolitiques, entraînant une baisse de la demande mondiale de vêtements. Dans ce contexte, maintenir les niveaux d’exportation de 2024 constitue « un succès en soi », note Bouajila.
Malgré ces défis, les prévisions restent prudemment optimistes. Le secteur pourrait dépasser les 10 milliards de dinars de chiffre d’affaires dans les prochaines années, sous réserve de réformes législatives, d’un meilleur environnement pour l’investissement et d’un financement adapté. Les acteurs misent sur la qualité et le respect des normes environnementales et sociales pour renforcer la compétitivité des produits tunisiens sur des marchés internationaux de plus en plus sensibles à ces critères.