L’agence S&P Global Ratings a relevé la note souveraine du Maroc de BB+/B à BBB-/A-3, signant ainsi son retour dans la catégorie « Investment Grade« . Une décision motivée par la résilience économique du Royaume, la maîtrise budgétaire et la progression des réformes structurelles. Les perspectives sont jugées stables.
En dépit d’un environnement international marqué par les tensions géopolitiques et commerciales, le Maroc parvient à maintenir une dynamique de croissance solide. Dans cette perspective, S&P table sur une hausse moyenne du PIB réel de 4 % par an entre 2025 et 2028. Celle-ci sera portée par l’investissement public et privé ; la consommation intérieure; et le dynamisme de secteurs comme l’automobile, l’aéronautique, les phosphates et le tourisme.
Le tourisme confirme sa reprise, avec 13,5 millions de visiteurs entre janvier et août 2025, soit une progression de 15 % en un an.
Déficit budgétaire maîtrisé et dette en baisse
Sur le plan budgétaire, S&P salue les efforts de consolidation, avec un déficit qui devrait reculer à 3 % du PIB d’ici 2026 (contre environ 5 % en 2022), et une dette publique qui passera de 64,7% en 2022 à moins de 60% du PIB en 2028.
S&P explique ces améliorations soutenues par une stratégie fiscale axée sur la rationalisation des exonérations, la réforme de la TVA, et une meilleure intégration de l’économie informelle.
Par ailleurs, l’agence de notation indique que les IDE sont attendus en forte progression, avec un rythme annuel qui sera supérieur à 20 % entre 2025 et 2028. Les secteurs les plus attractifs incluent : l’énergie, les transports, les infrastructures (lien avec la CAN 2025 et la Coupe du Monde 2030).
Quant aux réserves de change, équivalentes à 5,5 mois d’importations, elles devraient continuer à augmenter.
Un autre point positif souligné par S&P concerne certaines avancées sociales, entre autres l’extension de la couverture médicale obligatoire (passée de 7,8 à 25 millions de bénéficiaires entre 2021 et 2024). Il s’agit aussi de la mise en place du registre social unifié (RSU), pour mieux cibler les aides publiques. Ou bien l’ambition de ramener le chômage à 9 % d’ici 2030, contre 12,8 % aujourd’hui, via des programmes de formation, d’appui aux PME et de digitalisation.
La vulnérabilité climatique reste un risque majeur
L’agence de notation met toutefois en garde contre les risques liés au climat, notamment les sécheresses récurrentes; rappelant du d’ailleurs que l’agriculture, qui représente 10 % du PIB et 25 % de l’emploi, a perdu près de 900 000 emplois en cinq ans.
Pour y répondre, le Maroc déploie un plan de gestion de l’eau ambitieux : construction de barrages, stations de dessalement, transferts hydrauliques et campagnes de rationalisation.
En somme, S&P considère que les perspectives sont stables, mais conditionnées à trois préalables : la poursuite des réformes économiques et fiscales, la stabilité des équilibres budgétaires et extérieurs et l’accélération de la transition vers un régime de change plus flexible.
En tout état de cause, ce relèvement de la note à BBB-/A-3 constitue un signal fort aux marchés internationaux, confirmant la crédibilité de la trajectoire économique du Royaume chérifien. Il ouvre également la voie à des conditions de financement plus favorables pour le Royaume sur les marchés internationaux.