Les derniers chiffres, publiés par le Bureau of Labor Statistics, montrent un recul inattendu de 0.1% en août 2025 du Producer Price Index (PPI), qui est le prix à la sortie de l’usine, un indicateur clé de l’inflation. De son côté, l’indice des prix à la consommation a augmenté de 0,4 point en août et la hausse s’établit à 2,9% sur les douze derniers mois. Bien qu’elle soit loin de la cible de 2%, l’inflation n’est pas encore jugée alarmante par les responsables de la Maison Blanche qui considèrent que les droits de douane imposés par Trump ces derniers mois n’auront qu’un effet limité sur la hausse du coût de la vie.
Malgré les craintes généralisées d’une flambée des prix, plusieurs facteurs sont réunis pour apaiser l’impact des tarifs douaniers pour le moment : – L’augmentation des stocks observée chez les entreprises basées aux États-Unis, qui ont choisi une stratégie d’anticipation face à la hausse annoncée des droits de douane sur les produits importés.
– Le ralentissement de la demande des consommateurs américains méfiants, qui se serrent la ceinture face à une économie jugée fragile, ce qui est illustré par la dégringolade récente de l’indice de confiance publié par l’Université du Michigan.
– La réduction des marges bénéficiaires des entreprises soucieuses de préserver leurs parts de marché. Selon un rapport récent de Goldman Sachs, les entreprises américaines ont absorbé 64% du coût total des taxes douanières contre 22% pour les consommateurs et 14% pour les fournisseurs étrangers.
– Les reports répétés des nouveaux tarifs par Trump, associés à des négociations aboutissant à des droits de douane revus à la baisse, ont plongé les entreprises dans une grande incertitude, freinant les ajustements durables des prix.
Cette sagesse sur le front de l’inflation n’est pas viable : les stocks fondront, les entreprises n’auront d’autre choix que d’augmenter leurs prix, et le pouvoir d’achat des ménages, déjà lourdement affecté, plongera encore plus la demande. À cela s’ajoute le durcissement de la politique migratoire qui fait grimper le coût du travail, alimentant ainsi les tensions inflationnistes pour les mois à venir. Un tel trend risque-t-il de freiner le processus d’assouplissement monétaire engagé par la FED le 17 septembre dernier?
Article de Lamia Jaïdane Mazigh
Cet article est disponible dans le mag de l’Economiste Maghrébin n 928 du 24 septembre au 8 octobre 2025