Le « plan de paix » pour Gaza, présenté par Donald Trump lors de l’Assemblée générale de l’Onu, propose entre autres la création d’une future autorité de transition qui pourrait être dirigée par l’ancien Premier ministre britannique, Tony Blair, une personnalité politique au passé trouble.
Il est sorti par la petite fenêtre pour revenir par la grande porte. Surnommé le « caniche » de George Bush pour avoir engagé le Royaume-Uni dans la guerre en Irak derrière les États-Unis alors qu’il savait que cette guerre était illégale au regard du droit international, Tony Blair, l’ancien Premier ministre du Royaume-Uni (1997-2007) serait pressenti pour administrer temporairement la bande de Gaza une fois terminée la guerre au cours de laquelle plus de 65 000 Palestiniens ont déjà été tués. Et ce, dans le cadre d’un plan de paix élaboré par l’administration Trump, sous l’autorité d’une autorité internationale provisoire et avec le soutien de l’ONU et des pays du Golfe.
Sachant que la fondation de Tony Blair, le Tony Blair Institute for Global Change, a participé en juin et en août à des réunions au cours desquelles la Maison Blanche a abordé les plans d’après-guerre pour le territoire palestinien.
Cela étant, le bureau de Tony Blair n’a pas démenti les informations parues dans la presse, déclarant toutefois, selon la BBC, qu’il ne soutiendrait aucune proposition visant à déplacer la population de Gaza.
Quid du plan américain ?
Rappelons dans ce contexte que revenu à la raison après avoir abandonné l’idée abracadabrante d’une prise de possession de la bande de Gaza par les États-Unis pour en faire la « Riviera du Moyen-Orient » – un projet crapuleux qui envisageait le déplacement d’une partie de la population de Gaza, assimilable à du nettoyage ethnique -, Donald Trump a présenté mardi 23 septembre, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU à New York, un nouveau « plan en 21 points pour la paix au Moyen-Orient et à Gaza ».
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Le plan américain en 21 points – présenté aux Émirats arabes unis, à l’Arabie saoudite, au Qatar, à l’Égypte, à la Jordanie, à la Turquie, à l’Indonésie et au Pakistan et élaboré ces six derniers mois par Jared Kushner, le gendre de Donald Trump, et Tony Blair, qui a été l’Envoyé spécial du Quartet pour le Moyen-Orient entre 2007 et 2015 – prévoit notamment un cessez-le-feu permanent, la libération des otages israéliens, le retrait des troupes israéliennes et un afflux massif d’aide humanitaire.
Toutefois, la proposition américaine, qui exclut totalement le Hamas de la future gouvernance de Gaza, prévoit en revanche un rôle renforcé pour l’Autorité palestinienne, la création d’une force de sécurité combinant des Palestiniens et des troupes issues de pays arabes et musulmans, ainsi qu’un financement régional pour la reconstruction et la gestion de Gaza.
Toujours selon des sources, les pays arabes et musulmans auraient accueilli favorablement l’initiative américaine mais insistent sur la nécessité de réformer l’Autorité palestinienne et de lui permettre de gouverner à la fois Gaza et la Cisjordanie.
À noter à ce propos que lors de leur intervention le 23 septembre devant l’Assemblée générale de l’Onu à New York, les dirigeants arabes et musulmans auront exigé des garanties contre l’annexion de parties de la Cisjordanie occupée par Israël depuis 1967 ou toute mesure susceptible de modifier le statu quo juridique et historique des lieux saints de Jérusalem.
Les mêmes intervenants ont également demandé des assurances contre le déplacement des habitants de Gaza, contre toute entrave à leur retour et contre toute tentative d’occuper le territoire.
Divine surprise
Or, contre toute attente, Trump a marqué une ligne rouge à Israël en prévenant jeudi 25 septembre qu’il ne permettra pas à Israël d’annexer la Cisjordanie occupée.
« Cela n’arrivera pas; non, je ne le permettrai pas », a répété le président américain qui répondait à des journalistes dans le Bureau ovale, sans doute suite à la déclaration du Premier ministre israélien selon laquelle son gouvernement allait étendre la colonisation juive en Cisjordanie occupée en représailles à la reconnaissance d’un État palestinien par plusieurs pays, dont la France. D’ailleurs, les ministres israéliens d’extrême droite, Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich, sont allés plus loin dans cette folle enchère en appelant sans scrupules à l’annexion de la Cisjordanie.
Mais, faut-il croire le président américain quand il jure ne pas permettre l’annexion de la Cisjordanie, alors qu’il avait reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël durant son premier mandat et soutenu aveuglément, et dans toutes les circonstances, un certain criminel de guerre nommé Netanyahou, souvent pour plaire à son électorat évangélique pro-israélien ?
Non, il faut prendre ses déclarations avec circonspection : quand l’imprévisible républicain jure par tous les dieux quelque chose, cela reflète plus une pulsion du moment qu’un engagement ferme et durable.