Lors de la présentation du projet de budget pour l’année prochaine au Parlement fédéral mardi 23 septembre, le ministre des Finances, Lars Klingbeil, a évoqué des investissements records, principalement dans les infrastructures, et mis l’accent sur la croissance, la compétitivité et la création d’emplois, mais aussi des « décisions courageuses et souvent inconfortables ». L’opposition critique déjà le gouvernement pour ses dépenses excessives, notamment en matière d’équipements de défense.
Le projet de budget du gouvernement pour 2026 prévoit des dépenses totales de 520,5 milliards d’euros et des emprunts de 174,3 milliards d’euros, ainsi que des dépenses supplémentaires provenant du Fonds spécial pour les infrastructures et la protection du climat, du Fonds des forces armées et du Fonds pour le climat et la transformation.
Au total, l’Allemagne compte dépenser environ 630 milliards d’euros, tandis que les coûts d’investissement s’élèveront à 126,7 milliards d’euros.
En soumettant son plan au Bundestag, Klingbeil a fait état d’un « changement de modèle de politique budgétaire » qui, selon lui, est positivement accepté au niveau international, précisant que les ressources allouées aux investissements devraient être utilisées pour restaurer les infrastructures qui « ont été négligées pendant des années ».
Il a également souligné, en réponse aux critiques, que l’argent des fonds spéciaux ne comblerait pas les « trous » du budget et a souligné comme priorité absolue la préservation des emplois dans les secteurs de l’acier et de l’automobile. « On ne peut pas laisser l’acier bon marché et polluant de Chine venir ici et supplanter l’acier national ».
Et d’ajouter : « La sidérurgie, avec ses 80 000 employés, est un secteur clé pour l’Allemagne… Cela s’applique également à l’industrie automobile. L’avenir est électrique et nous devons réfléchir attentivement aux mesures supplémentaires que nous pouvons prendre pour stimuler l’électromobilité et développer les infrastructures de recharge ».
Dans son discours, le ministre des Finances a préparé les citoyens aux « décisions courageuses et souvent inconfortables » du gouvernement, tout en évoquant des investissements massifs, « mais aussi des économies importantes ».
Lars Klingbeil affirme que « si aucune solution n’est trouvée, la prospérité, la sécurité et la coexistence seront menacées. Et quiconque pense que nous pouvons continuer comme avant a tort ». Et d’Klingeil d’apeler tous les ministres à « commencer à économiser dès maintenant ».
Il a notamment insisté sur la nécessité de rendre l’État-providence plus efficace et plus pérenne. « Nous avons besoin de réformes axées sur l’emploi, créant une nouvelle croissance et davantage d’emplois, et garantissant une réduction des dépenses sociales et une augmentation des recettes ».
Le porte-parole de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) pour la politique budgétaire (parti d’extrême droite), Michael Espendiller, a qualifié les fonds spéciaux destinés au financement des infrastructures et de la Bundeswehr de « dettes spéciales » et a cité la Cour des comptes fédérale, qui a récemment averti que le gouvernement fédéral « vit structurellement au-dessus de ses moyens ».
Les Verts, quant à eux, se sont déclarés « trompés » par le budget. Leur porte-parole pour la politique budgétaire, Sebastian Schaefer, a accusé le gouvernement de tromperie concernant les mesures d’économies annoncées. « Seuls des postes vacants dans les ministères sont supprimés et créés ailleurs. La suppression de 25 postes de commissaires du gouvernement permet d’économiser 178 000 euros. Ce n’est même pas suffisant pour compenser la baisse de la taxe sur les restaurants », a déclaré Schaefer, appelant à des investissements dans les municipalités, les infrastructures et la protection du climat.
Dietmar Bartsch, du Parti de gauche, a parlé de « réarmement sans limite », rappelant que le chancelier Friedrich Merz avait exclu, avant les élections, la création de nouvelles dettes. Il prône une augmentation de la fiscalité des grands patrimoines et une réforme complète des droits de succession.
Avec un système fiscal calqué sur celui des États-Unis, du Royaume-Uni ou de la France, l’Allemagne pourrait générer des recettes supplémentaires de 80 à 120 milliards d’euros, a-t-il ajouté. « Ceux qui vous croient encore croient aussi que le loup raconte une histoire aux moutons ».