Au-delà du diagnostic global, l’étude présentée par Ahmed Zarrouk lors de la 9ᵉ édition du Tunisia Economic Forum, organisée le 18 septembre 2025 à l’IACE, met en évidence les besoins spécifiques de segments touristiques à fort potentiel mais toujours freinés par un cadre réglementaire inadapté.
Par Amani Mejri
Le tourisme senior, par exemple, pourrait séduire une clientèle européenne solvable et moins soumise à la saisonnalité. Pourtant, il souffre de l’absence de statut juridique pour les résidences spécialisées et de la limitation du séjour à trois mois. L’expert préconise la création d’un visa long séjour, la signature de conventions bilatérales sur les retraites et les soins, ainsi que l’élaboration de normes techniques adaptées.
Le tourisme de santé est lui aussi pénalisé par une dualité de tutelle entre le ministère de la Santé et celui du Tourisme, ainsi qu’une législation floue concernant le thermalisme et les agences spécialisées. Une réforme conjointe est jugée indispensable pour encadrer et valoriser ce segment.
Le tourisme rural et écologique dispose d’un fort potentiel pour mettre en valeur les territoires intérieurs. Cependant, il est freiné par la difficulté d’accès au foncier agricole, le manque d’infrastructures de base (eau, électricité, routes, connexion numérique) et un régime fiscal inadapté. Des assouplissements réglementaires et une meilleure coordination avec les programmes de biodiversité sont proposés.
Le tourisme locatif collaboratif, dominé par les plateformes numériques, échappe actuellement à tout contrôle. L’absence de statut pour les meublés touristiques crée une concurrence déséquilibrée avec les hôtels, prive l’État de recettes fiscales et expose les usagers à une insécurité juridique. L’étude recommande la création d’un cadre légal spécifique, incluant fiscalité et régulation des plateformes.
Enfin, le tourisme de luxe, qui pourrait constituer une vitrine pour la Tunisie, reste réduit dans les textes à la simple notion « d’hôtels de charme », héritée d’une classification obsolète. L’expert plaide pour une nouvelle réglementation de classification, adaptée aux standards du haut de gamme, incluant des services différenciés et des infrastructures premium comme les marinas et aéroports privés.
Pour Ahmed Zarrouk, « la réglementation actuelle a longtemps servi le pays, mais elle est aujourd’hui dépassée. Les nouveaux segments exigent un cadre clair, moderne et différencié. La réforme est possible, à condition d’une volonté politique et d’une mobilisation des professionnels ».