Dans un secteur aéroportuaire en pleine mutation, la filiale tunisienne du géant turc TAV navigue entre satisfactions opérationnelles et frustrations commerciales. Décryptage d’une stratégie en cours d’ajustement.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Sur les pistes d’Enfidha-Hammamet, easyJet vient de décerner à la plateforme la troisième place de son classement mondial pour la ponctualité et l’efficacité des rotations. Un succès qui récompense des années d’investissements dans la modernisation des équipements et l’optimisation des procédures.
Monastir n’est pas en reste. L’aéroport a récemment achevé une phase cruciale de rénovation, alignant ses standards sur les exigences internationales. Ces transformations s’inscrivent dans une démarche plus large de professionnalisation du secteur, portée par TAV Tunisie sous l’impulsion de sa directrice générale, Mélanie Lefebvre.
Innovation remarquable de cette année : l’introduction des vols Omra. En s’associant à des tour-opérateurs spécialisés comme Kounouz Travel et Liberta Voyages, TAV Tunisie a découvert un filon inattendu. Ces liaisons vers les lieux saints de l’Islam permettent d’étaler l’activité au-delà des traditionnels pics estivaux.
L’aéroport d’Enfidha-Hammamet révèle ici tout son potentiel : ses installations pensées pour l’accessibilité et ses services de qualité en font un hub naturel pour ce segment de clientèle exigeant. Une diversification qui témoigne de la capacité d’adaptation de l’opérateur face aux évolutions du marché.
Connectivité : onze nouvelles routes pour élargir l’horizon
L’offensive commerciale de 2025 se traduit dans les faits : onze nouvelles destinations ont rejoint le réseau des deux aéroports. Six liaisons supplémentaires pour Monastir, cinq pour Enfidha-Hammamet. Cette expansion, orchestrée notamment avec le partenaire historique easyJet, porte ses fruits sur le marché britannique où la progression s’avère particulièrement notable.
Ces nouveaux corridors aériens illustrent la stratégie de TAV Tunisie : compenser par la multiplication des dessertes ce qui manque encore en volume sur certains marchés clés.
L’épine russe : 500 000 passagers en attente
Car le bât blesse ailleurs. L’absence persistante des liaisons russes pèse lourdement sur le bilan global. Les 300 000 passagers initialement prévus ne sont pas au rendez-vous, alors qu’en 2019, près de 800 000 voyageurs russes transitaient par les deux plateformes.
Mélanie Lefebvre ne cache pas sa déception : malgré une croissance sensible par rapport à 2024, les objectifs restent hors d’atteinte. La reconquête de ce marché stratégique figure désormais en tête des priorités pour 2026, avec la recherche active de nouveaux partenaires aériens capables d’assurer ces liaisons délicates.