L’économie turque continue de faire preuve de résilience en termes de demande des consommateurs, l’inflation ayant ralenti en août. Ce qui pourrait rendre difficile que la Banque centrale turque prenne de nouvelles mesures pour assouplir la politique monétaire.
Selon l’Institut turc de statistique (TurkStat), l’inflation annuelle s’est établie à 33 % en août; contre 33,5 % en juillet. Alors que les analystes interrogés par Bloomberg s’attendaient à une baisse à 32,6 %.
Sur une base mensuelle, l’inflation s’est établie à 2,04 %. Mais elle est supérieure aux estimations des économistes, qui plaçaient l’indice à 1,75 %.
Les chiffres de l’inflation sont tombés au lendemain d’une intense agitation politique qui a pesé sur les marchés turcs. En effet, un tribunal d’Istanbul a ordonné la révocation de responsables locaux du principal parti d’opposition, le CHP (Parti républicain du peuple kémaliste). Suscitant ainsi des inquiétudes quant à une ingérence plus large dans la structure du parti à l’approche d’un procès prévu plus tard ce mois-ci.
Du coup, l’indice boursier d’Istanbul a chuté jusqu’à 5,9 %, les rendements des obligations d’État augmentant considérablement.
Par ailleurs, notons que la Banque centrale de Turquie se trouve à un carrefour critique. Puisqu’en juillet, elle a réduit son taux d’intérêt directeur de trois points de pourcentage à 43 %; et ce, dans le cadre de la première mesure d’assouplissement en quatre mois.
Le gouverneur de la Banque centrale de Turquie, Fatih Karahan, a averti que la politique monétaire ne fonctionnait pas « en pilote automatique ». Tout en soulignant la nécessité de s’ajuster en fonction des attentes inflationnistes des consommateurs et des entreprises.
Les prévisions d’inflation de la Banque pour la fin de 2025 se situent entre 25 % et 29 %. Tandis que le marché la place plus près de 30 %.
Progression de 4,8 % du PIB
En outre, le PIB de la Turquie a augmenté de 4,8 % en glissement annuel au deuxième trimestre 2025, avant même le début du nouveau cycle de baisse des taux d’intérêt. La consommation intérieure étant le principal moteur de la croissance.
Cette dynamique alimente les inquiétudes selon lesquelles la Banque centrale pourrait devoir réévaluer l’ampleur de nouvelles baisses de taux d’intérêt afin de maintenir le contrôle de l’inflation.
Selon Selva Bahar Baziki, économiste chez Bloomberg, les risques d’inflation – notamment une possible dépréciation de la livre turque ou une hausse des coûts de l’énergie due aux tensions géopolitiques – restent orientés à la hausse. « Si ces risques se matérialisent, ils limiteront probablement la marge de manœuvre de la Banque centrale pour un nouvel assouplissement. Mais des réductions supplémentaires ne peuvent être exclues ».