La dynamique de paix déclenchée par le sommet d’Alaska entre les présidents russe et américain n’a duré que quelques jours. Les espoirs générés par ce sommet ont vite cédé la place à la frustration et à l’inquiétude que la plus dangereuse guerre du XXIe siècle ne se transforme en conflagration généralisée, dévastatrice pour la planète.
Depuis qu’il est à la Maison Blanche pour son second mandat, Trump a habitué le monde à dire une chose le matin et son contraire le soir. Cette inconstance n’est pas limitée aux domaines du commerce international ou aux tarifs douaniers sans grand danger pour la paix mondiale, mais embrasse aussi les sujets d’une grande gravité, telle la guerre d’Ukraine.
Au sortir du sommet d’Alaska, Trump a semblé adopter la vue russe sur le conflit : pas de cessez-le-feu sans un accord sur les causes profondes de la guerre. Ce fut un soulagement pour les partisans de la paix en Ukraine et un choc pour les néoconservateurs américains et pour les pouvoirs en place à Londres, Paris et Berlin qui veulent la poursuite du carnage jusqu’au dernier Ukrainien.
Le soulagement pour les uns et le choc pour les autres n’ont duré que le court laps de temps nécessaire au président américain pour changer d’avis. Et, sans surprise, il a vite changé d’avis, revenant à sa rhétorique de menaces et d’hostilité envers le président Poutine auquel, quelques jours plus tôt, il a déroulé le tapis rouge et est allé en personne accueillir à l’aéroport d’Anchorage…
Voici ce que nous dit le Wall Street Journal du samedi 23 août : « les États-Unis ont approuvé un accord visant à doter l’Ukraine de milliers de missiles de longue portée (Extended Range Attack Missile – ERAM), dont la portée est nettement supérieure à celle des autres missiles déployés. »
Citant des responsables américains, le journal rapporte que « les ERAM peuvent atteindre des cibles jusqu’à 450 kilomètres de distance, soit près de 160 kilomètres de plus que la portée des systèmes de missiles tactiques de l’armée (ATACMS), munitions que les États-Unis ont commencé à fournir à l’Ukraine en 2023. »
Juste quelques jours donc après le sommet russo-américain qui a soulevé tant d’espoirs, voilà le président américain qui décide de fournir à l’Ukraine 3 350 missiles capables de frapper en profondeur le territoire russe.
La presse américaine nous informe que ces 3 350 missiles font partie d’un programme d’armement de 850 millions de dollars, financé par les pays européens. Que “Bonnet blanc“ ou “Blanc bonnet“ paye pour ces armes, cela n’a aucune espèce d’importance pour les victimes de ce conflit qui continueront de tomber comme des mouches, principalement du côté ukrainien.
Les chiffres officiels, rendus publics la semaine dernière par le ministère ukrainien de la Défense, parlent de 1,7 million d’Ukrainiens entre morts, blessés, handicapés et déserteurs. Sans parler de l’étendue effarante des destructions infligées à l’Ukraine par cette guerre absurde.
Une guerre qui aurait pu très facilement être évitée si l’ancien président Joe Biden avait eu la sagesse de prononcer seulement ces sept mots : « l’Ukraine ne fera pas partie de l’OTAN ». Une guerre dont les dégâts auraient été très limités, si l’ancien Premier ministre Boris Johnson n’était pas intervenu pour forcer Zelensky à ne pas appliquer l’accord d’Istanbul auquel étaient parvenus Russes et Ukrainiens juste trois semaines après le déclenchement des hostilités…
Aujourd’hui, le conservateur Boris Johnson n’est plus là, mais son remplaçant, le travailliste Keir Starmer est plus zélé encore dans son opposition à tout effort de paix.
Aujourd’hui, le démocrate Joe Biden n’est plus là, mais le Républicain Donald Trump qui le remplace ne sait pas sur quel pied danser : un jour il veut la paix, et le lendemain il décide de l’envoi de milliers de missiles de longue portée à l’Ukraine…
Décidément, Roosevelt, Eisenhower et Kennedy doivent se retourner dans leurs tombes de voir les dégâts infligés au monde et à la réputation de l’Amérique par leurs successeurs, de Clinton à Trump, de Bush fils à Biden, en passant par Obama.