Le Centre de la Femme Arabe pour la Formation et la Recherche « CAWTAR » met en œuvre, dans le cadre de ses stratégies et programmes, un projet d’autonomisation économique des femmes rurales exerçant une activité agricole. Fort d’une expérience acquise dans plusieurs pays arabes et certains pays d’Afrique subsaharienne, ce projet s’inscrit dans une logique d’économie verte et circulaire, mettant particulièrement l’accent sur la protection de l’environnement, la préservation de la nature et la gestion durable des ressources, telle que l’eau.
Le coordinateur des projets au sein de CAWTAR, Ahmed Abdennadher, a indiqué que ce projet, financé par AGFUND Programme du Golfe arabe pour le développement est actuellement déployé dans trois pays : la Tunisie, la Jordanie et le Sénégal. Il répond à trois défis sociaux principaux.
Il précise dans ce contexte : “Le premier objectif est d’améliorer les capacités techniques des femmes bénéficiaires, qui travaillent souvent en groupements ou au sein d’ONG féminines. Par exemple, au Sénégal, un projet similaire a permis de renforcer les compétences des femmes dans la gestion et la transformation des produits de la mer, tandis que pour celles qui se consacrent au maraîchage, la formation est adaptée à leurs activités spécifiques.”
Le deuxième axe vise à développer les compétences personnelles – ou soft skills – des femmes. Au-delà de la formation technique, il est essentiel de renforcer leur leadership féminin, leur connaissance des droits des femmes ainsi que leur éducation financière. Ces femmes doivent comprendre les notions de capital, d’épargne et les possibilités de financement via les banques ou autres structures, afin de gérer efficacement leurs micro-projets.
Il poursuit : “ Le troisième objectif concerne l’implication active des femmes rurales dans la préservation de la nature et la lutte contre les effets du changement climatique. Cela inclut, par exemple, le recyclage des déchets ménagers, comme c’est le cas au Sénégal, ou encore des actions de gestion durable de l’eau en Tunisie. Dans ce dernier pays, une activité innovante est développée autour de l’hydroponie, technique agricole utilisant peu d’eau, qui permet de cultiver en milieu contrôlé tout en économisant les ressources hydriques. “
Avant d’ajouter : “ Le projet met également l’accent sur la fourniture d’équipements adaptés et respectueux de l’hygiène, en s’appuyant notamment sur des moyens simples et accessibles, parfois issus du quotidien des bénéficiaires. De plus, il accompagne ces femmes dans la commercialisation de leurs produits, un enjeu majeur dans tous les pays concernés. Cet accompagnement passe par un soutien à la participation à des foires commerciales ainsi que par l’installation de points de vente permanents, locaux et équipés.
Un aspect fondamental du projet est de renforcer la confiance des femmes en elles-mêmes, condition essentielle à la réussite. Si l’intervention du Centre vise à leur donner un coup de pouce en termes de formation et de moyens, la poursuite et la pérennisation des activités restent leur responsabilité. Le projet est limité dans le temps, généralement à un ou deux ans, et, à l’issue de cette période, les bénéficiaires doivent être capables de développer et gérer seules leurs activités avec les compétences acquises. ”
Et de conclure : “ Enfin, le projet sensibilise à l’importance des enjeux environnementaux et climatiques. Chaque femme, même modestement, est considérée comme un acteur potentiel du changement. Par exemple, au Sénégal, un volet consiste à organiser la gestion des déchets domestiques dans un quartier pilote, comprenant sensibilisation, éducation, puis mise en place d’une collecte organisée avec des contenants adaptés. Ainsi, les femmes ne sont pas seulement bénéficiaires ; elles assument aussi un rôle de responsabilité active au sein de leur communauté. “
Il mentionne, en conclusion, qu’en Tunisie, ce projet implique environ 50 à 70 femmes bénéficiaires directes, impactant environ 250 à 280 personnes en tenant compte des familles élargies. Les activités principales se concentrent sur quatre axes : l’agriculture hydroponique avec l’installation de serres équipées, le maraîchage encadré sur les parcelles des agricultrices, la transformation des produits agricoles locaux comme la fabrication de conserves, et enfin le compostage, crucial pour l’économie circulaire.
Cette approche intégrée vise donc à améliorer durablement les conditions de vie des femmes rurales, tout en respectant les enjeux environnementaux et en favorisant un développement économique durable et inclusif.