Plusieurs individus, dont des enfants, ont tenté jeudi matin d’entrer de force dans le siège de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT). Et les syndicalistes présents sur place ont empêché cette irruption. C’est ce qu’indique le secrétaire général adjoint et porte-parole officiel de l’Union, Sami Tahri, dans une déclaration à l’agence TAP. Il « condamne fermement cette attaque et en tient pour responsables les autorités ».
M. Tahri a expliqué que depuis la grève des transports, certains groupes ont diffusé des messages sur les réseaux sociaux, encourageant à envahir les locaux de l’UGTT. De même qu’à expulser les syndicalistes et à demander au président de dissoudre l’organisation syndicale.
Il estime que cette mobilisation a abouti aujourd’hui à un rassemblement d’une centaine de personnes, selon ses estimations. Parmi lesquelles des enfants et des sans-abri, dont la plupart n’ont aucun lien avec le syndicat, ni affiliation ni adhésion, devant le théâtre municipal, qui se sont dirigées ensuite vers la place Mohamed Ali, où se trouve le siège du syndicat.
« Malheureusement, les agents de sécurité qui avaient érigé des barrages sur les routes menant à la place Mohammed Ali ont reçu l’ordre soudain de les lever et de laisser les manifestants atteindre le siège du syndicat et tenter d’entrer de force en brandissant des slogans hostiles à l’organisation », a-t-il ajouté.
M. Tahri a précisé que « les syndicalistes présents au siège n’ont eu d’autre choix que de former un barrage humain devant le siège pour le défendre et empêcher cette attaque. Et ce, sans céder à la violence planifiée par ces bandes qui nous rappellent les Ligues de défense de la révolution et l’attaque du siège du syndicat le 4 décembre 2012 ».
« Nous condamnons fermement cette attaque, nous en tenons les autorités pour responsables et nous demandons au ministère public d’ouvrir une enquête sur cette attaque », a-t-il dit.
Suite à ces développements, les instances de l’UGTT se réuniront dans les prochains jours et prendront les décisions adéquates, selon le porte-parole de l’UTT. Celui-ci a confirmé que le bureau exécutif de l’Union adressera un message à tous ceux qui s’autorisent à porter atteinte à l’organisation et à enfreindre la loi. Et de réaffirmer que les syndicalistes défendront l’indépendance de leur organisation et les droits économiques et sociaux des travailleurs.
Sami Tahri a expliqué que cette campagne de dénigrement dont fait l’objet l’UGTT est en réalité liée aux positions de l’Union que « certains individus » souhaitent réduire au silence et contraindre à accepter les politiques imposées à l’organisation.
Au final, souligne-t-il, les grèves récentes, dont celle des transports, ne sont qu’un prétexte. Et ce, même si cette grève a suivi toutes les procédures légales et fait l’objet de nombreuses réunions afin de l’éviter. Et malgré les concessions faites par les syndicalistes sur de nombreux points. « Certaines parties au pouvoir ont délibérément empêché la conclusion d’un accord et l’exécution de la grève. Ce qui a créé un climat d’hostilité et de mobilisation dont la tentative d’intrusion dans les locaux du syndicat aujourd’hui par « cette bande », a souligné Tahri. D’ailleurs, il exprime la crainte de voir ces agressions se reproduire, « ce qui plongerait le pays dans une spirale de chaos ».