La Tunisie a toujours misé sur le tourisme, qui reste incontestablement un pilier de l’économie du pays, constituant une source importante d’emplois et de devises. Avec les transferts des Tunisiens résidents à l’étranger, les recettes touristiques permettent de réduire le déficit courant et de couvrir une part importante du service de la dette. Selon les derniers chiffres publiés, les revenus de l’activité touristique ont atteint, durant les six premiers mois de l’année 2025, 3 284 millions de dinars (environ 1116 millions de dollars). Ces recettes ont augmenté de 8,5% par rapport à l’année passée. Cette progression marque un ralentissement, comparé à celles de juin 2024 (15,3%) et au rebond enregistré en juin 2023 (82,6%) après la crise de Covid-19. La part des revenus du tourisme dans le PIB a certes légèrement dépassé le niveau d’avant la pandémie (1,9% contre 1,7%), mais elle reste en deçà des moyennes atteintes avant la révolution (2,4% du PIB entre 2008 et 2010).
Le secteur du tourisme a pu montrer une certaine résilience face aux différents chocs domestiques et internationaux. Mais la décélération de la croissance des recettes révèle un essoufflement du modèle basé sur un tourisme de masse, principalement balnéaire, généralement peu rentable et fort dépendant du cycle saisonnier. La mise en place de la stratégie nationale de développement du tourisme durable 2035, de la stratégie globale de digitalisation et le projet de création d’un observatoire national du tourisme tentent d’offrir un modèle alternatif. Un modèle basé sur une diversification des produits (tourisme culturel, écologique, médical) et des marchés (pays asiatiques) et une digitalisation des contenus promotionnels et des services touristiques.
Ces stratégies sont loin d’être une panacée, tant qu’on tarde ra à relever les défis, avec un modèle de propreté urbaine, de respect de l’environnement et de qualité du transport public, qu’il soit aérien, maritime, ferroviaire et même routier. La concurrence reste rude dans la région, la Tunisie est en compétition directe avec d’autres destinations méditerranéennes et africaines qui l’ont largement devancée dans la modernisation de leur secteur touristique. L’accélération des réformes dans ce secteur est vitale. Le tourisme doit être le fer de lance de l’économie tunisienne et non son talon d’Achille.
Par Lamia Jaidane-Mazigh
Cet article est disponible dans le mag de l’Economiste Maghrébin du 30 juillet au 27 août 2025.