L’UNESCO publie une cartographie inédite du secteur du livre en Afrique, mettant en lumière le potentiel inexploité de la Tunisie
Ce samedi 21 juin, l’UNESCO a dévoilé la première cartographie complète de l’industrie du livre en Afrique, soulignant les opportunités de croissance d’un secteur encore largement sous-exploité. Réalisée à partir d’une analyse documentaire et de consultations avec les autorités publiques et les professionnels du milieu, cette étude propose une feuille de route pour dynamiser l’édition sur le continent, avec des revenus potentiels pouvant atteindre 18,5 milliards de dollars si des réformes structurelles sont engagées.
Intitulé « L’industrie du livre en Afrique : tendances, défis et opportunités de croissance », ce rapport met en avant les atouts de la Tunisie, où le secteur emploie 15 000 personnes et compte 356 maisons d’édition, produisant environ 3 000 titres par an. Le pays dispose de 487 bibliothèques publiques, soit une moyenne d’une bibliothèque pour 25 000 habitants, bien que le réseau de librairies physiques reste limité, avec seulement une vingtaine d’établissements recensés.
Un héritage historique en mutation
L’édition tunisienne plonge ses racines dans la seconde moitié du XIXe siècle, avec la parution du journal Arrayd At-Tounsi, précurseur de la presse locale. Le secteur a pris son essor après l’indépendance en 1956, marquée par la création de la Société Tunisienne de l’Édition et de la Distribution, suivie de ses filiales spécialisées. Aujourd’hui, le ministère des Affaires culturelles pilote la politique du livre via la Direction générale du livre, tandis que l’Organisme Tunisien des Droits d’Auteur (OTDAV) veille à la protection de la propriété intellectuelle.
Les mesures d’incitation publique incluent des subventions pour l’achat de papier, des prix littéraires et des exonérations fiscales pour les importations liées à l’édition. La Bibliothèque Nationale de Tunisie (BNT) joue un rôle central en attribuant les numéros ISBN et en gérant le dépôt légal.
Des défis persistants malgré une dynamique positive
Entre 2021 et 2023, la production éditoriale a légèrement fléchi, passant de 3 833 à 3 000 titres annuels, dominés par l’arabe (75 % des publications). Les tirages varient de 500 à 5 000 exemplaires selon les genres, avec une distribution assurée par seulement cinq acteurs majeurs, dont la Société Tunisienne de Distribution. Si les librairies physiques restent le principal canal de vente, les ventes en ligne émergent timidement, portées par des plateformes comme Kawater.
Les importations de livres, évaluées à 10,8 millions de dollars en 2023, surpassent largement les exportations (1,4 million), reflétant une dépendance aux marchés étrangers, notamment la France (50 % des importations). Toutefois, les habitudes de lecture progressent : 25 % des Tunisiens déclarent avoir lu un livre en 2023, contre 12 % en 2015.
Un potentiel continental à saisir
À l’échelle africaine, le secteur ne génère que 5,4 % des revenus mondiaux de l’édition, avec un déficit commercial criant (597 millions de dollars d’importations contre 81 millions d’exportations). Le rapport souligne l’absence de législation dédiée dans 90 % des pays, freinant le développement d’un marché scolaire pourtant prometteur, qui représente 70 % du potentiel africain.
Pour consulter l’intégralité de l’étude : L’industrie du livre en Afrique.
(Source : UNESCO, 2024)