La réaction des puissances occidentales de part et d’autre de l’Atlantique à l’agression israélienne contre l’Iran n’étonne personne. Mais, par effet cumulatif, elle a accru de manière remarquable le mépris du reste de l’humanité à l’égard des élites gouvernantes en Europe et aux Etats-Unis.
Les premières heures de l’agression qui a causé de larges destructions et la mort de chefs miliaires et d’hommes de science iraniens ont été euphoriques à Washington, Paris, Londres et Berlin. Alors que le régime génocidaire bombardait l’Iran en ce 13 juin, la rengaine du « droit d’Israël à se défendre » était reprise en chœur aux Etats-Unis et en Europe. Trump est allé jusqu’à exprimer sa satisfaction de « l’excellent travail accompli par Israël ».
Avec les représailles iraniennes une dizaine d’heures plus tard, l’euphorie se transforma en colère et la satisfaction en soucis. Comment l’Iran ne respecte-t-il pas la loi du plus fort établie par l’hégémonisme occidental et son appendice israélien et ose recourir à la loi internationale qui garantit le droit à l’autodéfense?
Comment l’Iran ose-t-il recourir à des représailles contre l’agression israélienne au lieu de se contenter de baisser la tête, de panser ses blessures et d’enterrer ses morts?
Si ces questions n’ont pas été posées aussi explicitement et aussi crûment, leur contenu découle clairement des affirmations et des réactions enregistrées dans les divers pays occidentaux.
Tout autres étaient les attitudes et les comportements des élites gouvernantes occidentales en février 2022 quand les troupes russes étaient intervenues en Ukraine. On avait crié alors au scandale et à la violation du droit. On avait consulté les textes de loi internationale. On avait brandi l’article 2 alinéa 4 de la Charte de l’ONU qui stipule : « Les Membres de l’Organisation s’abstiennent, dans leurs relations internationales, de recourir à la menace ou à l’emploi de la force, soit contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de tout État, soit de toute autre manière incompatible avec les buts des Nations Unies. » Et les sanctions ont aussitôt commencé à pleuvoir par centaines sur la Russie… Mais la Russie n’est pas Israël et l’Iran n’est pas l’Ukraine.
C’est donc sans embarras, sans gêne et sans la moindre pudeur que de part et d’autre de l’Atlantique les doigts accusateurs ont commencé à se pointer vers l’Iran dès l’instant où les missiles iraniens ont commencé pleuvoir sur Tel-Aviv et sur Haifa.
Alors que c’est le pays possesseur de 200 têtes nucléaire qui agresse un autre qui n’en a aucun, le président français Emmanuel Macron a condamné « la poursuite du programme nucléaire iranien » et réaffirmé « le droit d’Israël à se défendre ».
Dans une réponse cinglante à la réaction français, Francesca Albanese, rapporteuse spéciale des Nations Unies sur les territoires palestiniens occupés, a déclaré : « Le jour où Israël, sans provocation, a attaqué l’Iran, tuant 80 personnes, le président d’une grande puissance européenne admet enfin qu’au Moyen-Orient, Israël, et lui seul, a le droit de se défendre. »
L’Allemagne a été encore plus loin. Son ministre des AE, ignorant l’agression israélienne, les morts et les destructions en Iran, a affirmé : « Nous condamnons fermement l’attaque iranienne aveugle contre le territoire israélien. » Le ministre a également condamné « le programme nucléaire iranien qui viole le Traité de non-prolifération et menace toute la région, en particulier Israël ».
Que dire après une telle réaction, des responsables de cette grande nation européenne qui, plus de 80 ans après, n’arrivent toujours pas à guérir de leur complexe de culpabilité envers les Juifs, mais ne ressentent aucun vis-à-vis de la Russie qui avait perdu 27 millions de ses citoyens…
Le reste des réactions dans les autres pays occidentaux ne sont pas peut-être aussi obséquieuses vis-vis d’Israël et aussi provocantes vis-à-vis de l’Iran, mais le fond est le même. A des degrés divers, mais sans embarras, gouvernants et médias en Occident défendent l’agresseur et l’assurent de leur solidarité et conspuent la victime et la somment d’arrêter de se défendre.
Juste un jour et demi après l’agression israélienne contre l’Iran, le journaliste et écrivain américain Trita Parsi a tout dit dans un tweet de quatre lignes : « Depuis un an et demi, les Occidentaux affirment que le Hamas, ayant déclenché la guerre de Gaza le 7 octobre 2023, était responsable du carnage civil; depuis un jour et demi, ils affirment : Israël a déclenché la guerre contre l’Iran, et si l’Iran riposte, il porte la responsabilité des morts civils. »