Donald Trump a lancé le chantier de construction d’un système de défense anti-missile pour protéger les États-Unis des menaces venant particulièrement de Chine. Un système « futuriste » semblable au projet avorté de la « Guerre des étoiles » promu, il y a quarante ans, par Ronald Reagan.
S’agit-il d’un remake de la « Guerre des étoiles », le fameux coup de poker menteur de Reagan qui aura fini par mettre à genoux l’Union soviétique?
Souvenez-vous qu’en 1983, et alors que la guerre froide battait son plein entre les Etats-Unis et l’Union soviétique, le président américain, Ronald Reagan, lança le projet de la « Guerre des étoiles ». A savoir : un système de défense qui impliquait l’utilisation de technologies futuristes de satellites armés de lasers pour intercepter depuis l’espace les missiles balistiques intercontinentaux, notamment en provenance de l’Union soviétique. Pourtant, même si ce projet ambitieux n’avait jamais été pleinement réalisé, il a eu un impact stratégique majeur en entraînant l’URSS, déjà affaiblie économiquement, dans une course aux armements, notamment dans des technologies extrêmement coûteuses. Or, « l’Empire du Mal » – ainsi qualifié à l’époque par Reagan – fut sonné debout, ne pouvant suivre ni sur le plan économique ni technologique.
Un système « dernier cri »
Quatre décennies plus tard, Donald Trump, qui se réclame de cette initiative restée à l’état de projet, promet d’« achever cette tâche que le président Reagan a commencée, en mettant fin à jamais à la menace des missiles sur le territoire américain ».
Ainsi, le locataire de la Maison Blanche a annoncé, mardi 20 mai 2025 devant la presse réunie dans le Bureau ovale, la construction prochaine d’un « Dôme d’or », en anglais « Golden Dome ».
« Une fois achevé, le Dôme d’or sera capable d’intercepter des missiles même s‘ils sont lancés de l’autre côté de la Terre et même s‘ils sont lancés depuis l’espace », a expliqué Donald Trump, qui a signé en janvier dernier un décret ordonnant l’élaboration, dans un délai de deux mois, d’un plan de mise en œuvre d’un « bouclier antimissiles de nouvelle génération » pour contrer « les missiles balistiques, hypersoniques et de croisière, ainsi que d’autres attaques aériennes avancées ». « C’est très important pour la réussite et même la survie de notre pays », avait conclu le président américain.
Donald Trump a également annoncé que la Maison Blanche avait « officiellement sélectionné une architecture » pour le futur « Dôme d’or », qualifié de « système dernier cri ». Si plusieurs noms ont été évoqués dans la presse américaine, dont SpaceX et Lockheed Martin, l’entreprise choisie n’a pas été dévoilée officiellement.
En revanche, le président américain a promis que ce « Dôme de fer américain » chiffré à « environ 175 milliards de dollars une fois terminé », sera opérationnel d’ici la fin de son mandat, en 2029.
Le milliardaire républicain a d’autre part fait savoir que le Canada rejoindrait cette initiative. En février dernier, le pays s‘était déjà dit prêt à se joindre au projet de développement du « Dôme d’or ». Tout en estimant être déjà un « partenaire essentiel » dans la défense conjointe de l’Amérique du Nord. « Un système intégré de défense antimissiles pour l’ensemble de l’Amérique du Nord est la chose la plus logique pour tout le monde », avait déclaré le ministre canadien de la Défense d’alors, Bill Blair.
Un clone du « Dôme de fer » israélien ?
A noter à ce propos que le futur système américain de défense anti-missile est largement inspiré du « Dôme de fer » israélien. Soit le bouclier antimissile qui protège le pays des attaques aériennes en interceptant les missiles, les roquettes, mais aussi les drones.
Depuis sa mise en service en 2011, le « Dôme de fer » israélien aurait – selon l’entreprise militaire israélienne Rafael, qui a participé à sa conception – intercepté des milliers de roquettes et détruit environ 90 % des tirs en sa direction. Conçu pour abattre des roquettes ou des missiles d’une portée allant jusqu’à 70 km, il s‘est déployé sur plusieurs attaques iraniennes ces derniers mois.
Pour rappel, après la guerre du Liban de 2006, le gouvernement israélien avait d’abord participé seul au développement du « Dôme de fer ». Les États-Unis ont par la suite apporté leur savoir-faire en matière de défense ainsi que des milliards de dollars de soutien financier.
Choix erroné ?
Mais, rappellent les experts militaires, le choix d’un tel système de défense anti-missiles inspiré du « Dôme de fer » israélien ne tient pas compte de la réalité géographique. Le système de bouclier antimissile, comme celui existant en Israël, un petit pays entouré de voisins hostiles, est conçu pour répondre à des attaques menées à courte ou moyenne distance. Mais pas pour intercepter des missiles à portée intercontinentale susceptibles de frapper les États-Unis, un pays-continent bordé par deux océans. Or, pour protéger les 9,8 millions de km² des États-Unis et pouvoir intercepter les missiles balistiques, notamment en provenance de la Chine, il faudrait une constellation de milliers de satellites « intercepteurs » en orbite pour assurer une défense complète et permanente, affirment les spécialistes.
Péril jaune
D’autant plus que le paysage stratégique évolue rapidement. Selon un rapport du département américain de la Défense publié en décembre 2024, la Chine, principal rival économique et militaire des Etats-Unis, dispose désormais du plus grand arsenal de missiles hypersoniques au monde. Des engins comme le DF-17, capable d’atteindre Mach 10 (dix fois la vitesse du son) sur plus de 2 400 kilomètres, ne suivent pas les trajectoires balistiques classiques. Ils sont maniables, imprévisibles et redoutablement efficaces, notamment contre des cibles navales.
Au final, les avancées technologiques chinoises menacent directement les capacités défensives américaines, posant la question de savoir comment les États-Unis pourront s’adapter à un paysage géopolitique en mutation rapide. Sauront-ils relever ce défi majeur?