Aux États-Unis, les 100 jours suivant la prise de fonction du président sont cruciaux pour estimer la popularité de ses premières mesures. Or, pour le deuxième mandat de Donald Trump, les récents sondages démontrent qu’entre 45 % et 55 % d’Américains se disent « en profond désaccord » avec la gestion de l’économie par l’actuel locataire de la Maison Blanche.
Légère dégringolade ou chute en roue libre? Donald Trump, qui célèbre ce mercredi 30 avril la fin des 100 premiers jours de son second mandat. Une tradition qui remonte à Franklin Delano Roosevelt. Celui-ci, élu en 1933 dans une Amérique qui peine à se remettre du krach boursier de 1929, demande à être jugé sur ses actes au bout de 100 jours. Toujours est-il que le président des Etats-Unis fait face à des sondages plus dévastateurs les uns que les autres.
Une gestion approximative
Fidèle à son obsession de saturer l’espace médiatique, le milliardaire républicain aura signé durant les 100 premiers jours de son deuxième mandat pas moins de 35 décrets présidentiels. Lesquels couvrent divers domaines tels que les droits de douane, l’expulsions de migrants, le retrait de l’Accord de Paris et de l’Organisation mondiale de la Santé, les coupes budgétaires, notamment au sein du ministère de l’Education.
Toutefois, ces politiques n’ont pas convaincu une majorité d’Américains. Selon un sondage mené par le NORC (National Opinion Research Center) de l’université de Chicago pour l’agence Associated Press, seuls 24 % des sondés ont estimé que Donald Trump se concentrait sur les bonnes priorités, contre 44 % sur les mauvaises priorités (21 % y voient un mélange égal entre des bonnes et des mauvaises priorités).
Par ailleurs, d’après un autre sondage réalisé dimanche 27 avril par l’institut SSRS pour la chaîne CNN, la part des personnes qui approuvent la gestion de la présidence par Donald Trump est en baisse de quatre points par rapport à mars et de sept points par rapport à la fin février, selon ce sondage. Seuls 22 % des sondés se disent tout à fait d’accord avec la manière dont Trump gère son poste. Tandis que 19 % approuvent modérément cette gestion. Alors que 45 % se disent en profond désaccord et 14 % en désaccord modéré.
Idem pour le sondage conduit le même jour par l’institut Ipsos pour la chaîne ABC et le Washington Post et qui affiche un taux de désapprobation de la gestion de la présidence par Donald Trump de 55 %.
Mais, c’est sa gestion de l’économie qui est la plus critiquée par les électeurs qui lui accordaient l’an dernier largement leur confiance dans ce domaine.
Alors qu’il a déclenché une guerre commerciale mondiale notamment contre la Chine, avant de faire partiellement machine arrière, 54 % des sondés jugent désormais que l’économie nationale est sur une mauvaise pente, contre 37 % en janvier, selon l’étude Economist/YouGov. La cote du président souffre particulièrement en ce qui concerne le coût de la vie : seuls 31 % des Américains approuvent son action dans ce domaine, selon un sondage Reuters/Ipsos.
L’inflation a été l’un des sujets clé de l’élection présidentielle de novembre dernier. Toutefois, la plupart des économistes considèrent que sa guerre commerciale devrait faire flamber à nouveau l’inflation
Cote de popularité en berne
Résultat : la cote de popularité de l’actuel locataire de la Maison Blanche est plus basse que celle de tous les autres présidents américains au même stade de leur mandat; avec seulement 41 % d’opinions favorables.
« La cote de popularité de Donald Trump est plus basse que celle de tous les présidents précédents au bout de 100 jours de leur premier ou deuxième mandat », commente Washington Post. Il fait également observer que l’actuel président américain « chute même par rapport à son premier mandat, où il récoltait 42 % d’opinions favorables à un stade similaire ».
Désenchantement
Mais, le plus frappant des sondages réalisés 100 jours à peine après l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche est les profonds remords qu’éprouve une frange d’électeurs américains pour l’avoir choisi.
Ainsi, selon une étude de l’Ifop publiée mardi 29 avril pour New York City et réalisée par questionnaire auto-administré en ligne auprès d’un échantillon national de 1 225 Américains âgés de 18 ans et plus, un électeur sur quatre regrette d’avoir voté pour Donald Trump.
Un sentiment particulièrement élevé chez les électeurs trumpistes de 35 ans (33 %), chez ceux appartenant à une minorité ethnique (38 % des personnes noires et 34 % des hispaniques) ou chez ceux se situant dans les rangs des sympathisants républicains « modérés » (33 %).
Principales raisons de ce rejet : le retrait des Etats-Unis de l’Accord de Paris sur le climat, une mesure impopulaire avec seulement 30 % d’approbation. Mais aussi la hausse des droits de douane désapprouvée par 49 % de sondés contre 45 % qui l’approuvent.
Déni de Trump
Comment réagit le magnat de l’immobilier face à cette avalanche de sondages défavorables? Evidemment par la politique du déni : n’a-t-il pas accusé lundi 28 avril 2025 plusieurs médias américains d’être «malades» en affirmant qu’ils devraient faire l’objet d’une enquête pour « fraude électorale » ?
«Ils sont malades, n’écrivent presque que des articles négatifs à mon sujet, peu importe à quel point je me débrouille bien […] et sont vraiment les ennemis du peuple». C’est ce qu’il a affirmé sans vergogne sur son réseau Truth Social.