Les relations économiques entre la Tunisie et la Roumanie ont connu une évolution remarquable au cours des dernières années. Entre 2007 et 2010, les échanges commerciaux ont enregistré un taux de croissance exceptionnel de 226%, suivi d’une croissance de 17% en 2011, en dépit du contexte difficile lié à la crise économique internationale. Cette dynamique s’inscrit dans un contexte de renforcement des liens bilatéraux, notamment depuis l’adhésion de la Roumanie à l’Union européenne en 2007, qui a donné un nouvel élan à la coopération économique entre les deux pays. Ces échanges portent sur plusieurs secteurs clés, dont l’agriculture, l’industrie agroalimentaire et la santé vétérinaire, avec des accords visant à faciliter l’exportation directe de produits et à encourager les investissements et les missions économiques bilatérales.
Cette progression témoigne de la volonté commune de développer des partenariats solides et durables, favorisant la croissance économique et les échanges commerciaux entre la Tunisie et la Roumanie. Rencontré en marge de la conférence de presse sur la participation du réseau EUNIC à la 39e édition de la Foire internationale du livre de Tunis, M. Valentin-Ciprian Muntean, ambassadeur de Roumanie en Tunisie, a dressé un bilan de la coopération tuniso-roumaine mais aussi les projets à venir. Interview.
Quel rôle joue la culture roumaine dans le renforcement des échanges culturels et linguistiques entre les deux pays, et quels projets concrets sont envisagés pour promouvoir la culture roumaine en Tunisie ?
Valentin-Ciprian Muntean: Nous sommes actuellement en train de finaliser un accord culturel entre la Roumanie et la Tunisie. Les dernières approbations sont en cours, et nous espérons signer les documents cette année. Cet accord vise à renforcer les échanges culturels entre nos deux pays.
Un échange culturel est également prévu, et nous sommes très actifs en Tunisie grâce à divers événements culturels. L’année dernière, nous avons commémoré les 50 ans de la mort de George Sebastian, qui a construit la Villa Sebastian à Hammamet, aujourd’hui centre culturel international. Pour cet anniversaire, nous avons organisé un colloque suivi d’un concert d’opéra, très apprécié des deux côtés.
Cette année, la Roumanie a été invitée à prendre part à la Foire Internationale du Livre de Tunis. Pour cet événement, le Comité Organisateur de la Foire a invité M. Liviu Jicman, Président de l’Institut Culturel Roumain et Directeur du Réseau Européen des Instituts Culturels Nationaux (EUNIC), qui sera présent en Tunisie du 24 au 28 avril. M. Jicman va intervenir au colloque du 27 avril, intitulé « La production des contenus culturels et la transition numérique ».”
Au-delà de l’aspect culturel que vous avez évoqué, quelles mesures concrètes sont envisagées pour renforcer les échanges économiques entre la Tunisie et la Roumanie, notamment dans les secteurs de l’agriculture, de l’alimentation et de l’industrie agroalimentaire ?
Il y a effectivement d’excellentes relations commerciales entre la Roumanie et la Tunisie. En février dernier, les présidents des autorités vétérinaires roumaines ont effectué une visite en Tunisie. En collaboration avec la direction générale de la santé vétérinaire tunisienne, ils ont négocié et signé des certificats pour l’exportation de viandes – notamment de moutons, bovins et volailles – destinées à la reproduction. Cet accord constitue une étape majeure pour relancer les échanges dans les secteurs de l’agriculture et de l’alimentation. Bien que ce domaine fonctionne déjà bien, il reste possible de renforcer davantage les liens entre les zones d’affaires tunisiennes et roumaines.
Dans ce cadre, une mission économique en Roumanie est organisée pour les acteurs tunisiens souhaitant exporter des viandes. Par ailleurs, j’ai visité plusieurs usines de conserves et d’exportation de poisson à Monastir et Sousse. Des visites d’hommes d’affaires roumains sont également prévues entre mai et juin, puis entre octobre et novembre, afin de découvrir ces sites et discuter des opportunités. Les contacts sont déjà établis et le recrutement est en cours.
Dorénavant, il est possible d’acheter directement de la viande en Roumanie, ce qui est très important. En effet, auparavant, la viande roumaine passait par des intermédiaires pour être exportée vers l’Égypte, l’Italie ou la Jordanie, ce qui augmentait les coûts. Désormais, les négociations directes entre la Roumanie et la Tunisie permettront aux consommateurs de bénéficier de prix plus compétitifs.
Comment les accords récents en matière d’enseignement supérieur et de recherche scientifique vont-ils favoriser l’échange d’étudiants et de chercheurs tunisiens et roumains, et quels sont les impacts attendus sur la coopération bilatérale dans le domaine éducatif ?
En décembre 2023, lors de la visite de l’ancien ministre des Affaires étrangères Nabil Ammar à Bucarest, un mémorandum de collaboration a été signé entre le ministère roumain de l’Éducation et le ministère tunisien de l’Enseignement supérieur. Cet accord porte sur l’échange de recherches et d’étudiants, notamment au niveau des masters et doctorats. Chaque année, 10 bourses sont attribuées aux étudiants tunisiens, ainsi que 20 bourses de courte durée pour des projets de recherche, financées par le ministère roumain des Affaires étrangères. La période de candidature pour cette année est ouverte jusqu’au 30 mai.
Environ 800 à 900 étudiants tunisiens poursuivent leurs études en Roumanie chaque année, principalement dans les domaines de la médecine, médecine vétérinaire, pharmacie, agriculture et ingénierie. Les villes les plus prisées sont Bucarest, Cluj-Napoca et Timișoara, où les étudiants se sentent particulièrement bien accueillis.
Le facteur linguistique joue également un rôle important. Étant donné que la Tunisie est membre de la francophonie, l’apprentissage du roumain est encouragé. À l’Institut des langues vivantes Habib-Bourguiba de l’université d’El Manar, des cours de roumain sont proposés pour préparer les étudiants. Par ailleurs, les formations peuvent être suivies en français ou en anglais, facilitant ainsi l’intégration des étudiants tunisiens en Roumanie.
Le mot de la fin.
Pour conclure, je me sens très satisfait ici. Nous entretenons d’excellentes relations avec les autorités tunisiennes, et il existe encore de nombreuses opportunités pour élargir notre coopération. Il est de mon devoir d’explorer de nouveaux domaines d’activité. Par exemple, en février dernier, le secrétaire d’État roumain Raed Arafat, expert en gestion des situations d’urgence, a partagé son expérience avec l’Office national de la protection civile tunisien. Il a notamment présenté le système 112, un numéro unique pour toutes les urgences qu’il a instauré en Roumanie, ainsi qu’un système de gestion des victimes lors de grands accidents. Ce partenariat, déjà signé, fonctionne très bien. De nouveaux secteurs sont à explorer pour renforcer nos liens, et mon objectif est de porter cette coopération à un niveau supérieur.
