Les banques privées tunisiennes ont encore frappé. Face à une loi qui pourrait rogner un peu leurs marges, elles ont trouvé la solution parfaite : couper net les prêts immobiliers de plus de 15 ans. Le long terme, c’est surfait. Mieux vaut jouer la prudence… ou un sens aigu de l’intérêt personnel, selon les points de vue.
Fini les crédits sur 20 ou 30 ans, ces petits arrangements qui permettaient à certains Tunisiens d’envisager un toit sans vendre un rein.
La nouvelle consigne? Silence radio, pas d’écrit, juste des directives glissées comme dans un polar de série B : « Évitez ces prêts. Vous comprenez pourquoi ». Ambiance.
Il faut dire que la loi, en plafonnant les taux, a osé toucher à l’intouchable : les profits bancaires. Inacceptable. Alors les banques ont tranché : tant pis pour les familles, tant pis pour le droit au logement, l’essentiel est ailleurs. Les dividendes, par exemple. C’est que les actionnaires ont des attentes, eux aussi.
Pendant ce temps, les analystes tirent la sonnette d’alarme : l’accès au crédit va se compliquer, la crise du logement pourrait empirer. Mais dans les bureaux climatisés, personne ne semble s’émouvoir. Ce n’est pas leur problème. Leur mission, c’est de « sécuriser leurs marges ». Pas de loger les gens.
Bref, les banques tunisiennes nous rappellent qu’elles ne sont pas là pour faire dans le social. Et que si vous comptiez acheter un appartement sans héritage ni miracle, il va falloir revoir vos plans.
Ou investir dans une bonne tente.
Parce que l’argent ne fait peut-être pas le bonheur, mais il fait clairement les règles du jeu.
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* Dr. Tahar EL ALMI,
Economiste-Economètre.
Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,
Psd-Fondateur de l’Institut Africain
D’Economie Financière (IAEF-ONG)