Aujourd’hui, l’électricité de l’Uruguay provient à 98% des énergies renouvelables. A contrario, seulement 2% de l’électricité consommée est générée à partir de ressources fossiles.
Certains diront que beaucoup d’États le promettent, mais seulement l’Uruguay l’a réalisé. C’est ce que révèle le site Korii Slate, se basant sur des informations de Yale Climate Connections, en indiquant que « ce pays de 3,5 millions d’habitants peut se vanter de produire 550 000 tonnes de viande bovine chaque année, certes, mais surtout d’avoir fait de son réseau électrique un des plus propres du monde ».
Dans les années 70-80, l’Uruguay faisait pourtant face à de multiples coupures d’électricité. Ainsi, d’après de World Resources Institute, en 2007, plus de 30% de l’énergie de l’Uruguay provenait encore des combustibles fossiles. « Comment ce chiffre a-t-il pu descendre à seulement 2% en dix-sept ans? Aujourd’hui, les centrales thermiques sont toujours ouvertes, mais ne sont activées que quand le réseau se trouve en tension et que la production renouvelable est insuffisante. Le reste du temps, les barrages hydrauliques produisent 50% des besoins et 10% proviennent des déchets agricoles et industriels ».
On explique que c’est l’éolien qui a davantage progressé dans le domaine, puisqu’il fournit à lui seul 38% de la production énergétique du pays…
« En 2008, l’Uruguay était en phase de croissance économique, croissance que ne parvenait pas à suivre le réseau électrique. Les factures augmentaient et des mesures de rationnement ont alors été mises en place », rappelle-t-on. Selon Ramón Méndez Galain, professeur de physique à l’Université de la République à Montevideo et architecte de la transformation énergétique de son pays : « L’accès à l’électricité était difficile. Pendant un moment, nous avons commencé à avoir des pannes de courant, mais la crise représente aussi une opportunité ». Il fut nommé directeur national de l’énergie par le président Tabaré Vázquez qui lui a assigné un objectif clair : “Établir des stratégies à long terme pour aider l’Uruguay à s’affranchir des pays pétroliers“.
Dès l’entame de sa mission, il était convaincu que cela devrait passer nécessairement et inévitablement par le développement des énergies renouvelables. « Il entend profiter des terres agricoles inhabitées qui recouvrent une grande partie du pays pour y planter par centaines des éoliennes. Les réticences des agriculteurs et des éleveurs sont vite oubliées, notamment grâce au loyer que leur verse chaque année l’entreprise énergétique publique UTE ».
Mais lisez la suite pour comprendre comment le professeur devenu directeur a pu concrétiser les théories à la faculté. « Le physicien s’est inspiré d’un modèle utilisé par certaines entreprises électriques brésiliennes, fonctionnant en partenariat public/privé, se partageant production et distribution, mais en inversant les rôles : les entreprises privées installent les éoliennes quand l’entreprise publique se charge de distribuer l’électricité aux consommateurs. Pour convaincre le privé d’investir de larges sommes dans ces coûteuses installations, UTE s’est engagée à acheter l’intégralité de l’énergie produite à un tarif fixé à l’époque, et pendant vingt ans.
Voilà qui devrait donner des idées à d’autres pays, comme la Tunisie.
