Kerim Bouzouita: « Les fake news politiques ont contribué à l’apparition de champignons politiques »

 A force de regarder trop de films à la House of Cards, ou Homeland… le député indépendant Rached Khiari (ex-député de la Coalition Al Karama) a voulu s’attaquer au président de la République Kaïs Saïed. En soulignant qu’il aurait reçu cinq millions de dollars auprès d’un agent des renseignements américains pour financer sa campagne présidentielle.

Aujourd’hui, les théories de la conspiration créent cet effet de spirale qu’on retrouve un peu partout dans le monde. Or, avant l’invention de l’internet, on entendait rarement ce qu’on appelle les théories de complot. Ce qui nous amène à méditer sur le sujet… Kerim Bouzouita, anthropologue livre son analyse à ce sujet, dans une déclaration à leconomistemaghrebin.com.

Il précise dans ce contexte: « Nous sommes prédisposés à croire aux conspirations. La raison est simple : notre cerveau d’homo sapiens nous joue des tours. Nous sommes le résultat d’une longue et lente évolution basée sur la survie des individus les mieux adaptés à l’environnement et aux changements environnementaux. Nos lointains ancêtres vivaient dans un Monde ou les conspirations n’étaient pas rares, les individus qui savaient les anticiper avaient un avantage pour garantir leur survie. »

Et de poursuivre: « Bien que nous vivions dans un monde où les conspirations quotidiennes ne sont plus d’actualité. Nous traînons cet héritage dans nos cerveaux de sapiens. Mais cela n’explique pas entièrement pourquoi tant de personnes adhérent à la culture du complot à notre époque. Le rôles des plateformes du web social est central dans cette épidémie conspirationniste. Les algorithmes de Facebook et Youtube en particulier favorisent les “bulles informatives” et les “chambres d’écho”. C’est-à-dire qu’ils enferment les individus dans un cercle social virtuel qui possède les mêmes croyances et adhère aux mêmes “vérités”. Les algorithmes mettent ces “vérités”, qui sont parfois des idées complotistes, en boucle. Ils renforcent les croyances et les certitudes des individus. Cela fonctionne comme une chambre d’écho, tout ce que nous pensions nous est renvoyé de manière exponentielle par les algorithmes. »

Ainsi, il conclut: « Ce phénomène crée des bulles d’information que nous appelons “entre-soi”. Ainsi les individus ne raisonnent plus de manière individuelle et rationnelle. Ils sont cependant guidés par les instincts grégaires des foules numériques. Cela affecte de plus en plus la sphère politique, avec les proliférations des “fake news politiques”, ces contre-vérités qui ont largement contribué à l’élection de Donald Trump aux USA ou encore à l’apparition de champignons politiques en Tunisie. »