«L’opportunité est prompte à s’enfuir, mais longue à revenir ». Tous nos hommes politiques, et ils ne sont pas les seuls, seraient bien avisés de méditer ces paroles sages de Ali Ibn Abi Taleb, gendre du Prophète Mohamed (SAS), et quatrième calife de l’islam.
Opportunité de se racheter en écoutant, pour les uns ; opportunité de faire montre de citoyenneté et de civisme, pour les autres. Sérieux, s’abstenir et s’abstenir est un moyen de guérir, nous dit encore le cousin du Prophète.
Exercice qui relève presque de l’impossible, tellement tout le monde semble se délecter dans l’art de l’invective et de la calomnie, Ramadan ou pas Ramadan. Calomniez, calomniez… Ceux qui se ressemblent s’assemblent, comme dit l’adage. Et se rassembler est devenu en ces jours où tout bascule plus qu’un nouveau joujou, une passion de ces dames et de ces messieurs.
Il y a de ces alliances toxiques… L’union fait la force, et à quelques jours de Ramadan, cela donne bonne conscience et remonte le moral. Tous des menteurs par omission, tous des affabulateurs invétérés, tous des comparses de… Tous des cupides, tous des arrivistes, tous des opportunistes, tous des hypocrites, tous des parvenus, tous des nains… J’en ai le souffle coupé.
Nulle part ailleurs je crois, des hommes politiques et de supposés représentants du peuple, n’ont été autant vilipendés, brocardés, honnis, déconsidérés et autant tournés en dérision.
Alors, quand le chef du gouvernement s’emporte à propos d’une cabale médiatique sur Facebook qu’il qualifie d’irresponsable et de honteuse, il est comme ce petit enfant qui s’entête et qui ne veut en faire qu’à sa tête.
Quand la mauvaise foi le dispute à la fuite en avant. Quand M. Chahed parle de code de bonne conduite, j’ai en vie de lui dire : zéro de conduite M. le chef du gouvernement.
Tous des fugitifs, un peu à la manière de ce pauvre docteur Richard Kimble du « Fugitif », la série phare des années soixante-dix, que beaucoup d’entre vous ont suivi avec passion chaque samedi soir… Quantum minimum. Il y a de ces seuils en dessous desquels on ne peut plus descendre. Comme qui dirait, une zatla joyeusement partagée, mais attention, ce n’est pas ce que vous croyez sauf que de l’extase à l’agonie, il n’y a qu’un pas…
Toutes ces occupations anarchiques des lieux de travail, tous ces barrages de routes, toutes ces institutions publiques qu’on prend en otage, et cette activité économique qui n’en finit pas d’agoniser, et ce plaisir satanique de se morfondre dans l’indigence, l’incurie, le médiocre, le superficiel et l’insignifiant ; et en guise de bouquet, un chef du gouvernement qui vient nous parler de moralisation de la vie politique.
Cela me rappelle François Bayrou, l’éphémère ministre de la Justice de Macron, qui sur fond de scandales de corruption à répétition, a tenté d’apporter un peu plus de vertu dans les mœurs politiques françaises. Bien sûr qu’il est bien de prendre le bon exemple sur les autres, encore faut-il que les choses soient claires.
Ainsi, on peut légitimement se demander si à travers son coup de gueule, M. Chahed avait bien à l’esprit corrupteurs et corrompus ou si au contraire, il était uniquement sous l’effet d’attaques qui à aucun moment ne l’ont ménagé.
Que la turbulente et non moins provocatrice Samia Abbou députée du Tayar (Courant Démocratique) ait été la goutte qui a fait déborder le vase, il fallait bien qu’une limite soit franchie. Son vif échange, l’autre jour à l’Assemblée, avec le ministre de l’Education Hatem Ben Salem a porté l’estocade à une image de la politique et de ses acteurs déjà en lambeaux. Jamais, on n’a autant touché le fond. Une femme en furie, hargneuse et dédaigneuse s’adressant à un homme qui n’en croyait pas ses yeux et qui n’en revenait pas.
Nous non plus. Comment garder son calme quand, en face, c’est le déchaînement, les moqueries et un je me lâche qui n’honorent personne ? Lamentablement vulgaire, par deux fois, et sans doute vous aussi, j’ai dû me pincer pour réaliser que la scène était bel et bien vraie et qu’elle se passait sous nos cieux, et qui plus est dans une enceinte parlementaire supposée être auguste, mais hélas, devenue cirque.
Qui n’a pas été scandalisé par autant d’outrance ? Il y a bien eu la fameuse Dame aux camélias tout comme la non moins célèbre Dame en noir ; mais la Dame aux lunettes noires et à la langue bien pendue dans nos murs, une découverte !
A côté de la Abbou, Abir Moussi herself ferait pâle figure, c’est vous dire. Et puis ce populisme que vous essayez de chasser et qui revient à grande vitesse !
Lors de son passage à la télévision, le chef du gouvernement n’a pas fait autre chose, comme si, il voulait dire à sa manière, que si la critique est aisée, l’art est par contre difficile. Quel art ? Celui de gouverner ? Encore faut-il que la gouvernance soit bonne.
Au bout du compte, il y a ceux qui portent des lunettes noires et ceux qui passent des nuits blanches. D’après vous, de qui s’agit-il ? Si Samia Abbou n’avait pas existé, il aurait bien fallu l’inventer. Dans un camp comme dans l’autre, j’ai du mal à croire que l’intention est saine, et la foi bonne.