Walid Helali, Président de l’Union des magistrats administratifs, est revenu, dans une déclaration à leconomistemaghrebin.com, sur la situation matérielle des magistrats et leurs conditions de travail.
Pour notre interlocuteur, les conditions de travail du magistrat sont pénibles. « Depuis l’indépendance, l’Etat n’a pas misé sur la magistrature et n’a donc pas amélioré ses conditions matérielles », déplore-t-il. A cet égard, Walid Helali a fait savoir que dans certains tribunaux, le nombre de magistrats est tel qu’ils sont obligés de travailler à plusieurs dans un même bureau.
« A la Cour de Cassation, quatre conseillers ayant plus de vingt ans d’expérience travaillent dans un même bureau, ce qui amène à dire que l’Etat doit agir », explique-t-il.
De plus, dans ce contexte défavorable pour les magistrats, le nombre de procès ne cesse d’augmenter : “Avant le 14 janvier 2011, le nombre des procès était limité. après la révolution le nombre du procès a augmenté “, précise-t-il. Il a également fait remarquer qu’il n’existe qu’un seul Tribunal administratif sur tout le territoire tunisien.
Et d’étayer sa pensée : « Actuellement nous avons 17.000 procès en cours de traitement confiés à 130 magistrats uniquement ».
Tout en reconnaissant l’existence d’un prochain recrutement, le président de l’Union des magistrats administratif a rappelé que ses magistrats vont être également chargés de trancher sur les litiges lors des élections municipales, ce qui va encore compliquer les choses.
Les salaires des magistrats posent également problème. “Selon les statistiques, le magistrat tunisien est le magistrat le moins payé par rapport à ses homologues dans d’autres pays “, regrette-t-il. “Le magistrat incarne un pouvoir juridictionnel. Aujourd’hui, le salaire d’un magistrat ne lui permet pas de subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille”, fait-il savoir.
Il a rappelé dans le même contexte que le magistrat a plusieurs responsabilités morales à honorer. Entre autres, pour qu’il ne se laisse pas tenter par les pots-de-vin, il faut lui accorder un salaire digne de son rang. Il conclut : “Nous savons parfaitement que l’Etat est en crise mais les magistrats n’en peuvent plus ».