L’ISIE a-t-elle été, comme cela a été dit, décapitée du fait de cette démission- surprise ? Son président a-t-il fait défection et du coup tout le processus électoral a été bradé ? Des questions à n’en plus finir …
Il est devenu évident, à suivre ce qui se passe aujourd’hui sur la scène politique, que les alternatives potentielles sont de plus en plus avares. Le gouvernement semble frappé d’incapacité à rebondir, à assumer son rôle et, en un mot, à apporter les bonnes réponses aux questions pertinentes qui lui sont posées.
Le limogeage dernièrement, d’une seule traite, de deux ministres affiche en lui-même les signes d’un échec annoncé. La manière surtout et l’opportunité. D’autres signes du même acabit ont pris la suite et il ne se passe pas désormais un jour sans qu’un fait ou écho ou nouvelle ne viennent aggraver davantage les choses et rejoindre tous ceux déjà accumulés pour mettre en évidence le malaise dans lequel nous sommes. Rien que ces derniers jours, le pays entier a vécu et vit toujours à l’affût des « surprises », concoctées et « mijotées » par les circonstances et les hommes autour de nous.
Il serait presque pléonastique de dire que le discours présidentiel, annoncé pour demain mercredi, bat la mesure de l’attente collective, une attente qui prend le sens d’un résumé de l’état dans lequel est actuellement la scène politique, économique et social et des alternatives possibles offertes.
« Que va-t-il dire et, surtout, que peut-il dire ? », un questionnement qui s’impose de plus en plus à toute ébauche d’analyse de la situation. Les hypothèses sont allées bon train pour attiser encore davantage l’attente et, ce faisant, l’état de malaise dans lequel tout le pays vit aujourd’hui.
Dans cette foulée à grise mine, voilà que la nouvelle, ce matin, de la démission de Chafik Sarsar , président de l’ISIE et deux de ses membres est venue remettre sur le tapis les appréhensions collectives et recréer les mêmes tensions.
La nouvelle, tel un couperet, est tombée dans la surprise et la consternation quasi-générales. Pour un moment seulement car l’effet de surprise passé, il a fallu digérer l’information et réaliser ses implications. La remontée de l’effet de surprise ne fut pas, il faut l’avouer, facile et non sans accrocs.
On l’imagine bien. Il s’agit de la démission du président et de membres de l’ISIE, à quelques jours seulement du démarrage des travaux préparatoires des Municipales et dont –disons-le- dépend, en fin de compte, tout le processus démocratique engagé dans le pays et qui représente en quelque sorte la principale porte de sortie de crise qui pèse lourdement sur la société. Du coup et à peine annoncée, cette démission a donné libre cours aux commentaires et prises de positions les plus divers, soit en ce qui concerne ses raisons potentielles, ses implications et ses conséquences.
Des commentaires en tout genre. Certains y ont vu, tout en mettant en exergue les valeurs intrinsèques du président de l’ISIE, une manœuvre délibérée pour jeter de l’huile sur le feu de la situation actuelle et donc empêcher le respect du calendrier électoral et, par ricochet, la tenue le 17 décembre prochain des Municipales. Certains sont allés même plus loin en faisant valoir le fait que cela est le résultat de manigances au sein des partis au pouvoir et qui ont abouti à ce genre de décision à effet de bombe à retardement. D’autres commentaires s’en sont pris à l’opportunité même de cette démission pour responsabiliser son principal protagoniste, allant jusqu’à qualifier son acte d’inacceptable et d’inconséquent.
Argumentant leurs propos, ils sont allés même jusqu’à emprunter du jargon militaire pour qualifier cette démission qu’ils ont apparenté au terme de « félonie ». Pour eux, il est inadmissible que l’on enregistre, en ce temps précis et dans ces circonstances, une telle démission. Cela met en jeu tout le processus électoral pour ne pas dire « lamine » le calendrier prévu dans ce sens. La tenue des Municipales, des législatives et des présidentielles de 2019 sera irrémédiablement compromise. En cela, ils pointent du doigt Sarsar et le rendent responsable de ce qui pourrait se passer.
Quant aux véritables raisons qui ont poussé à cette démission, le suspense demeure entier. Bien que des hypothèses, donc non confirmées, aient commencé à circuler depuis quelque temps à ce propos, on ne peut, dans l’état actuel des choses, que s’interroger.
Le bruit a couru que des divergences sont omniprésentes au sein de l’ISIE, à propos, semble-t-il, des émoluments que perçoivent certains, sans contrepartie, qui ont été affectés à l’Instance… Toujours est-il que jeudi prochain, le rapport de la Cour des comptes sera présenté et qu’il contient selon certains des « choses » gênantes, en relation précisément avec ces aspects « douteux « financiers.
Les critiques – et l’alarmisme- sont allés ces dernières heures crescendo, faisant même valoir une hypothèse de « gabegie » qui, en fait, n’a aucune raison d’être.
La démission a bien eu lieu, contrairement aux conséquences annoncées par la critique. Le calendrier sera en principe respecté puisque le vide n’aura pas lieu. Le président et les membres démissionnaires continueront à occuper leurs postes et, donc à assumer leurs tâches, jusqu’à leur remplacement. Cela peut prendre sept mois, donc le temps nécessaire pour les Municipales.
D’ailleurs Chafik Sarsar l’a dit lui-même…