L’artisanat tunisien, cette petite industrie pleine d’idées originales, vient de nous rappeler qu’elle est loin d’être finie. Au contraire, elle reprend des couleurs. C’est avec cet esprit là, que Mood Talent, qui représente le salon mensuel axé sur la création dans le domaine de la mode tunisienne, qu’elle soit contemporaine ou revisitée, célèbre son premier anniversaire à Dar el Marsa les 10, 11 et 12 mars avec l’exposition HAPPY ! Et qui prépare son deuxième défilé pour le printemps …
Entre design et déco, l’exposition présente les nouvelles collections mais aussi des pièces uniques haut de gamme mettant en valeur le talent de nouveaux créateurs tunisiens en alliant couture, joaillerie, maroquinerie, vannerie, gravure, travail du cuivre, calligraphie. En somme, des créations inspirées du riche patrimoine tunisien.
Vingt artisans créateurs, qui détiennent un savoir-faire ancestral, exposent leurs créations. Un métier qui remonte la pente depuis ces dernières années . Elles sont nombreuses à témoigner qu’on exerce ce métier par passion, comme c’est le cas d’Imen Chihi, créatrice de Secret Didon, qui nous retrace son parcours en déclarant: « J’ai commencé à partir de rien ».
Elle confie: « Je suis en fait architecte paysagiste. Mes débuts étaient difficiles, on se moquait de moi prétendant que le secteur de l’artisanat n’est plus à la mode en particulier après le 14 janvier, surtout que les touristes avaient choisi d’autres cieux. Pour moi, c’était un défi à relever et je tenais à leur prouver qu’ils avaient tort. Ma réussite aujourd’hui, je la dois à cette volonté et à ma persévérance ». Et de poursuivre: « Nous avons un patrimoine très riche qu’il suffit juste de mettre en valeur . Aujourd’hui, je crée des couffins et je me suis lancée dans la haute-couture ».
Elle ajoute: » L’idéal serait de pouvoir exporter, mais vu la concurrence extérieure (le Maroc entre autres), l’absence d’une chaîne industrielle qui nous permette de produire en quantité industrielle pour atteindre un bon rapport qualité-prix. Exporter à grande échelle est difficilement envisageable. Personnellement, je reste optimiste, un jour ou l’autre je réaliserai mon rêve de voir mes créations exportées un peu partout dans le monde. Mon message est le suivant : » Quand on veut on peut ».
De son côté, Rahma Ben Yedder, gérante de la boutique Lady à la Marsa, créatrice de robes portant la griffe Sonia Boudaowara, a souligné: » L’artisanat est devenue très tendance, d’où l’intérêt des gens. D’ailleurs, la plupart de nos clientes insistent sur le fait qu’elles veulent s’habiller traditionnel avec une touche d’originalité lors des cérémonies de mariage comme la Outiuya, à titre d’exemple« . Ses études, à l’Insat en biologie industrielle, ne la destinaient nullement à faire carrière dans le monde de l’artisanat. Elle nous confie: « Une fois mes études achevées, j’ai rejoint les laboratoires Adwiya. Mais je n’étais pas dans mon élément, ce que je voulais était d’entrer dans le monde de la création artisanale ».
Elle conclut: « Et la première chose que j’ai faite, a été de lancer mon propre projet. Cela fait à peine quelques mois que j’ai commencé, et voilà j’expose et les gens achètent ».
Ce précieux savoir-faire va de pair avec l’innovation, le patrimoine. Il faut un tout pour conserver ce qu’on a depuis des décennies, voire depuis des siècles.