La bonne gouvernance des partis s’accommode nécessairement d’un respect de l’éthique. Nidaa Tounes n’a pu ni prévenir ni démasquer les dérapages incontrôlés. Depuis le coup de poker du 3 novembre 2015, dans le suivi de l’usage de la milice, le 1er novembre, les événements se sont précipités, selon la théorie implacable des dominos (alignement de partisans, selon l’appréciation des rapports de forces, démission de 32 députés du groupe parlementaire de Nidaa Tounes, menace de scission). Crise de fait, mais tout peut changer d’un jour à l’autre et s’inverser à nouveau, le lendemain, au gré des acteurs.
Il est rare qu’un dialogue de sourds permette de conclure un accord. C’est pourtant une nouvelle fois à cet exercice artificiel que sont priés de se livrer les protagonistes de Nidaa Tounes. Le résultat est hélas connu d’avance : à moins d’un miracle, aucun compromis n’émergera de ce dernier round de négociations. Des voix optimistes, affirment volontiers que des médiations pourraient rapprocher les points de vue. Malgré tout, ils font valoir, qu’il “subsiste jusqu’ici cette conviction intime et partagée que ce mauvais feuilleton finirait par un arrangement, même boiteux”.
Au-delà de la guerre des dirigeants et des velléités de positionnements personnels, la démarcation oppose les partisans d’un congrès électif et de la réunion d’une instance constitutive, qui désignerait par consultation plus ou moins consensuelle, l’équipe dirigeante. Fait d’évidence, un congrès sans élection serait une opération politicienne, qui ne convainc que les partisans. Cette pseudo-consultation – certains diraient une auto-consultation d’un clan – risque de faire un flop monumental.
La base populaire est le témoin silencieux de ces coups de dés- qu’on ne peut hisser au rang d’une partie d’échecs, vu l’absence de vision intellectuelle. Elle voit tout, comprend tout, mais se tait, pour le moment. Nidaa Tounes continue à courir à sa perte. Ses concurrents eux observent ce vaudeville en se frottant les mains. Le parti Mahabba qui annonce un soulèvement des classes populaires, tente de jouer l’opinion contre les partis au pouvoir. Cette stratégie de contournement n’est pas sans risque. Vu, le ras le bol des classes populaires et même des classes moyennes, des opposants décernent volontiers au Front Populaire le titre d’opposant privilégié, sinon unique. Ce dont il ne se plaindra pas. Mais la réalité politique est bien plus complexe. Ni le contexte international, ni les visions politiques dominantes ne mettent en cause le libéralisme économique.
Un retour à la raison et une prise en compte de l’habilitation citoyenne, exerçant son contrôle sur les dérives et l’affirmation des ambitions putschistes permettraient de corriger la brève “saga” de Nidaa Tounes et de mettre en échec ses soubresauts. Elles permettraient à ses dirigeants de reprendre la route, tous conscients de leurs responsabilités.