Attendu depuis près de quatre mois, le mouvement des diplomates vient, enfin, d’avoir lieu. Un blocage qui faisait suite à une demande pressante du syndicat de base du Ministère des Affaires étrangères qui exigeait l’application de la feuille de route et la révision des nominations partisanes.
Est-ce pour autant le dénouement d’une crise qui a pesé lourd sur notre diplomatie ces derniers temps?Au moment où la présidence de la République parle d’une solution consensuelle, il semble que la tension persiste toujours. Du côté du syndicat, on a déjà posé le veto sur deux de ces nominations, alors que dans la sphère diplomatique on ne manque pas de rappeler la montée vertigineuse d’un Ghazi Jomaa désormais ambassadeur à Vienne, et qui n’est autre que le frère du chef de gouvernement Mehdi Jomaa.
« Il est vrai que pour un bon nombre de ces nominations on a consacré le principe de la neutralité, puisque tous les ambassadeurs et consuls généraux sont issus du ministère », nous indique Hamed Ben Brahim, du syndicat de base au Ministère des Affaires étrangères. Presque tous, mais pas tous », précise-t-il toutefois. « On a encore une fois exclu des compétences qui ont pour certains plus d’habilité et d’expériences. D’autre part, et c’est le plus important, des noms qui appartiennent au Mouvement Ennahdha, et qui devraient être remplacés, ont été maintenus. C’est le cas de Ali Ben Arfaa, qui a été ambassadeur à Riyadh et qu’on vient de renommer à Sanaa. C’est le cas aussi de Ridha Boukadi en Libye». M. Ben Brahim rappelle à ce propos que le syndicat avait exigé la révision de cinq nominations, à savoir l’ambassade de Tunisie à Tripoli, celui de Riyadh et l’ambassade de Genève et de Paris, ainsi que son consul général. « Trois seulement de ces exigences ont été prises en considération, et encore, pour le consulat de Paris c’est un fonctionnaire déjà en place qui a été nommé Consul ».
Le cas Ghazi Jomaa
Mais, il n’y a pas seulement les nominations partisanes qui font grincer des dents. Il y a aussi celle de Ghazi Jomaa en tant qu’ambassadeur à Vienne. Ghazi Jomaa qui ne serait autre que le frère aîné de notre actuel chef du gouvernement. Sur ce point, Hamed Ben Brahim relativise rappelant que ce dernier est le « fils de la maison». «Il a été, avant que son frère ne soit connu, ambassadeur en Argentine, en Turquie et représentant permanent auprès de l’ONU à New York. Rentré à Tunis en 2011, il a été chef de cabinet du ministre des Affaires étrangères, avant d’occuper le poste de Directeur général pour l’Amérique et l’Asie».
Il n’en reste pas moins que du coté de syndicat on aurait préféré qu’il en soit autrement. « On aurait ainsi évité les polémiques qui vont, qu’on le veuille ou non, peser sur son travail. Et puis, et surtout, lui dont la carrière est pleine, aurait pu donner la chance à d’autres compétences qui attendent leur heure depuis bien longtemps».
Autant de points qui ne manqueront pas de donner du mordant à la Conférence annuelle des ambassadeurs, consuls généraux et consuls qui aura lieu dans quelques jours.
Ci-dessous la liste des nouveaux ambassadeurs :
- Mohamed Ali Chihi à Paris
- Walid Doudech à Genève
- Ghazi Jomâa à Vienne
- Néjib Ménif à Berlin
- Sémia Zouari Gorgi à Berne
- Narjes Dridi à La Valette
- Slaheddine Salhi à Doha
- Ali Ben Arfa à Sanaa
- Lotfi Belgaied à Riyadh
- La liste des nouveaux consuls généraux :
- Nedra Raïs Drij à Paris
- Naceur Essid à Marseille
- Sonia Ben Amor à Bonn
- Karim Boudali à Milan