Les affrontements ont repris hier, lundi 3 juin, pour la quatrième journée consécutive en Turquie entre policiers et manifestants hostiles au Premier ministre qui a nié toute dérive autoritaire et rejeté l’éventualité d’un « printemps turc ».
Pour la première fois depuis le début de ces manifestations, deux morts ont été signalés : l’Union des médecins turcs a annoncé qu’un jeune manifestant avait été tué dimanche soir à Istanbul par une voiture ayant percuté la foule qui protestait contre le gouvernement.
Dans la foulée d’une nouvelle nuit de violences entre la police et les manifestants à Istanbul, Ankara ou Izmir, des incidents ont repris lundi après-midi dans la capitale turque, où la police a dispersé à jets de grenades lacrymogènes un groupe d’un millier de personnes, étudiants et jeunes en majorité, réunis au centre-ville.
Erdogan, « imperturbable »
Très sûr de lui, le Chef du Gouvernement, principale cible de la contestation, a quitté lundi à la mi-journée la Turquie pour une tournée de quatre jours dans les pays du Maghreb après avoir répété qu’il ne cèderait pas face à la rue.
« Nous resterons fermes« , a affirmé M. Erdogan à la presse. « Mon pays donnera sa réponse lors des élections locales de 2014« , a-t-il souligné, sûr de sa force électorale, « si vraiment nous avons des pratiques antidémocratiques, notre Nation nous renversera ».
« Oui, nous sommes maintenant au printemps mais nous ne le laisserons pas devenir un hiver« , a-t-il ajouté en référence aux « printemps » arabes.
Appel au calme
Sur un ton plus conciliant, le président turc Abdullah Gül a lui appelé les manifestants au calme et pris, une fois encore, le contrepied du Chef du Gouvernement.
« Une démocratie ne signifie pas seulement une victoire aux élections. Il est tout à fait naturel d’exprimer des opinions différentes par des manifestations pacifiques« , a dit M. Gül à la presse.
Brutalité policière
L’agence AFP rapporte que dans la nuit de dimanche à lundi, de violents incidents ont à nouveau opposé la police et des milliers de manifestants à Istanbul, autour des bureaux de M. Erdogan, ainsi qu’à Ankara, dans le quartier résidentiel de Kavaklidere, où les protestataires scandaient « personne ne veut de toi Tayyip ! ».
Selon l’Union des médecins turcs (TBB), un jeune homme, membre d’une association de gauche, est mort après avoir été renversé dimanche soir par un véhicule qui a foncé sur des protestataires sur une autoroute occupée par les manifestants, sur la rive asiatique de la mégapole.
L’automobiliste ne s’est pas arrêté « en dépit de tous les avertissements« , a affirmé la TBB, suggérant qu’il s’agissait d’un acte délibéré.
Dérive autoritaire
Accusé de dérive autoritaire et de vouloir « islamiser » la société turque, M. Erdogan est aujourd’hui confronté à un mouvement de contestation d’une ampleur inédite depuis l’arrivée au pouvoir de son Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste) en 2002.