Dans son dossier sur “Le secteur de la santé : état des lieux”, L’Economiste Maghrébin (n°809 du 23 décembre 2020 au 6 janvier 2021) a invité l’ex-ministre de la Santé, Abdellatif Mekki.
A cet égard, Abdellatif Mekki estime que la Tunisie enregistrait principalement des avancées dans ce secteur, lorsqu’elle se focalisait sur l’amélioration: de la qualité des eaux potables; des réseaux d’assainissement; de la vaccination; de la médecine préventive; etc.
Ainsi, les pathologies passèrent de celles d’un système de maladies des pays non développés (manque d’hygiène, maladies infectieuses…); à celles d’un système de maladie des pays développés (diabète, obésité, cancer, stress,…).
« Malheureusement, on a connu ces dernières années une certaine rupture avec ces avancées. Citons à titre d’exemple, les maladies cardiovasculaires. En effet, elles sont aujourd’hui la première cause de décès (un tiers des Tunisiens) et qui ne sont pas déterminées génétiquement. Elles sont plutôt liées au style de vie (hygiène, sport, obésité, cigarettes, repas diététiques…). On pouvait donc les éviter grâce à la prévention et au diagnostic », souligne M. Mekki.
Se lancer dans la restructuration de la CNAM
“[…] On ne peut à mon avis privatiser le secteur de la santé. Au contraire la politique de l’État doit être basée sur le secteur public. Chaque citoyen doit avoir les meilleurs traitements dans les meilleures conditions dans les hôpitaux publics; ce qui nécessite la révision du choix de l’État. On doit réformer le système sanitaire global. Même s’il collabore avec le secteur privé, le secteur public doit être considéré comme la colonne vertébrale de la Santé”, affirm encore Abdellatif Mekki.
Pour conclure, M. Mekki indique qu’il est vrai qu’entamer des réformes reviendrait à une thérapie de choc. Celle-ci nécessite de la volonté politique. Il faut donc se lancer dans la restructuration de la CNAM. Et trouver d’autres mécanismes de financement dédiés aux AMG1 et AMG2 (Assistance médicale gratuite). De même qu’il est nécessaire d’augmenter progressivement le budget de la santé pour atteindre 10 à 12% du total budget de l’État. Mais aussi réviser la carte sanitaire tunisienne pour une équité sanitaire pour tous; résoudre le problème de la capacité; mettre en place des lois relatives à l’attractivité des cadres et agents de santé dans les trois lignes de soin. En passant par la révision du système des salaires et des conditions de travail. Et enfin, accorder plus d’intérêt à la formation continue et à la recherche scientifique.