Youssef Chahed donne manifestement l’impression de se faire attendre ou du moins de cultiver le « secret », si cela peut s’appeler ainsi jusqu’au bout. Il est commun et presque d’avis partagé qu’il est tenu, au vu des données disponible, de procéder à un remaniement au sein du gouvernement et donc d’en revoir la copie. Depuis des mois, les supputations à ce propos vont bon train et les appréhensions aussi.
D’une part, les partis politiques et les composantes de la société civile insistent sur la nécessité d’une révision de l’équipe gouvernementale en vue de la rendre plus à même d’atteindre les objectifs qui lui sont fixés. D’autre part, le constat du travail effectué en un an d’exercice a imposé la conclusion qu’un « lifting » est à prévoir dans les plus brefs délais. Les raisons qui ont amené à tout cela sont en général relatives à la manière –jugées inadéquates – dont ont été conduites certaines affaires publiques, surtout au niveau du comportement de certains représentants du gouvernement soit lors d’apparitions publiques soit à l’occasion de leurs fonctions.
Beaucoup d’exemples s’imposent à ce propos et en termes de « bévues » médiatiques ou de « glissades »diverses, l’embarras du choix est de mise tellement les cas se sont multipliés. Sur le fond, des ministres se sont trouvés en défi de situations du fait soit d’un conflit latent, au début, avec l’organisation syndicale et qui a vite tourné en un bras de fer à multiples implications soit d’une différence notable d’appréciation ou de méthode entreprise.
Ces situations ont pesé de tout leur poids sur la tournure des événements puisque Youssef Chahed a procédé à trois limogeages au sein de son équipe. Le premier avec le départ en février dernier de Abid Briki , ministre de la fonction publique et de la bonne gouvernance, avec toute la polémique que l’on sait et surtout la décision pure et simple d’annuler le ministère en entier. Le second est relatif au limogeage des ministres des Finances et de l’Education.
Néji Jalloul qui a mis en branle un travail de fond au niveau de l’éducation nationale, notamment la mise en application d’une réforme du calendrier scolaire, a été au cœur d’une relation conflictuelle avec le corps des enseignants, laquelle relation a vite tourné en « guerre » rangée entre lui et la partie syndicale qui n’a pas cessé de demander son départ du ministère. Les vacances opérées au niveau de l’équipe gouvernementale ont été comblées par une situation d’intérim en la personne de
Fadhel Abdelkéfi, le ministre de l’Investissement pour les Finances et Slim Khalbous , ministre de l’Enseignement supérieur pour l’Education .
Ce remaniement partiel a donné l’impression , il y a de cela plus de trois mois, qu’il couvait en fait un autre qui se profilait à l’horizon. Et les commentaires de donner libre cours à de multiples hypothèses de permutation de poste et de changement de noms. On a cité tantôt Riadh Mouakher , Majdouline Cherni , tantôt …. Comme étant sur la liste des départs potentiels. Récemment, l’attention s’est focalisée sur . Qui s’est trouvé au centre d’une polémique liée aux affaires de corruption.
Le remaniement s’il va avoir lieu, est attendu pour la fin du mois de juillet , ce qui le fera coïncider avec la période des vacances parlementaires. Il était question qu’il ait lieu avant mais la visite du chef du gouvernement aux Etats unis a, semble-t-il, fait sursoir les choses.
Même si du côté du gouvernement on semble ne point se préoccuper de ce plus que probable changement au niveau de sa composition, il est clair que le besoin d’évaluation de son activité se fait de plus en plus impérieux. Une question de logique et de méthodologie en fait. Après une année d’exercice qui a connu, il faut l’avouer, des « vertes et des pas mures », il est plus qu’opportun de procéder à une évaluation de tout ce qui a été fait à ce propos. De plus, l’avis est partagé que le travail du gouvernement, avec sa composition actuelle, se trouve relativement « handicapée » du fait que quatre ministères sont dirigés par deux ministres.
Fadhel Abdelkafi et Slim Khalbous sont de ce fait sur deux fronts, l’un par intérim et l’autre en activité principale, ce qui ne manque pas de se répercuter sur leur rendement en général.
De plus, le gouvernement est appelé à boucler le budget 2017 et à préparer dans la foulée celui de 2018. Il est impératif par conséquent de pourvoir à la vacance à la tête du ministère des finances. Pareillement pour le ministère de l’éducation qui se trouve engagé dans la préparation de la prochaine rentrée scolaire. Approprié donc, voire nécessaire, de nommer un titulaire au poste, à moins que Chahed opte, comme la rumeur en a fait écho dernièrement, pour la fusion des ministères de l’éducation et de l’enseignement supérieur.
Quoi qu’il en soit, il est partagé que l’on soit et précisément dans les jours à venir à la veille d’un remaniement ministériel et que Chahed s’apprête à annoncer. Les questions qui se posent à cet effet résident au niveau des considérations qui guideront sa démarche.
Devra-t-il opter pour la technique du quota partisan ou bien choisir l’approche fondée sur la compétence et la spécialisation dans le choix des nouveaux membres de l’équipe gouvernementales ? Procédera-t-il à un remaniement total avec redistribution des cartes et des titulaires de postes ou bien se limitera-t-il à des changements limités, se fondant ainsi sur la devise « on ne change pas une équipe qui gagne ».
Les réponses ne tarderont pas à venir. Pour le moment, il est aisé de constater que la prochaine période est éminemment économique puisque ouvrant les voix sur des perspectives intéressantes si les méthodes et les hommes s’allient à bon escient pour faire face aux défis imposés.
Elle est aussi sécuritaire car les menaces ne sont pas totalement conjurées et le fait que l’on est en pleine campagne anti-corruption n’en est que la démonstration la plus parfaite