La victoire de Donald Trump, élu 45 ème président des Etats-Unis, a été une énorme surprise non seulement du côté des Républicains ou des Démocrates, mais dans le monde. Mais la question est de savoir, avec Trump aux manettes quel monde en sortira-t-il ? C’est autour de cette réflexion qu’un débat a été organisé par le Forum de Carthage pour la sécurité et le développement sur le thème “ Défis et perspectives, aspects économiques et géopolitiques”. Quelle analyse géopolitique, peut-on en tirer ?
Intervenant lors du colloque, Mehdi Taje, expert en géopolitique à l’Institut des études stratégiques (l’ITES), a donné une lecture géostratégique des rapports Tunisie-USA.
Il déclare dans ce contexte: « Nous allons vers un monde polycentrique, avec une relativisation de l’hégémonie américaine. L’élection de Trump s’inscrit dans cette dynamique, à savoir redonner la priorité aux Etats-Unis – “America first ».
Dans ce contexte, il est difficile de décrire Trump en tant que président des USA. Il précise: « Il raisonne en tant qu’ homme d’affaires, il compte même faire payer pour leur propre sécurité les alliés traditionnels tels l’Europe, la Corée du sud, le Japon, selon ses propos de campagne. Mais les propos tenus en campagne électorale doivent encore être confrontés à la réalité, à des intérêts qu’il devra de toute façon sauvegarder ».
Quid de la Tunisie? A cette interrogation, il a répondu qu’ il est clair qu’Hillary Clinton à l’avantage de connaître la Tunisie : « Je pense qu’on attendait beaucoup d’elle en termes d’appui à la démocratie tunisienne, à l’exception démocratique tunisienne au sein du monde arabe. Or avec Trump nous risquons d’être un peu déçus. D’ailleurs, sait-il où se trouve la Tunisie ? Cependant c’est un homme plein de contradictions à ce stade. Attendons voir le staff qu’il va constituer, cela nous donnera un aperçu sur le genre de politique étrangère qu’il compte mener ».
Au regard du phénomène de la mondialisation dans un monde qui évolue aussi rapidement, un monde en mouvement, les repères traditionnels ont volé en éclats. Pour le cas de la Tunisie, M. Taje met l’accent sur le repositionnement de la politique étrangère de la Tunisie, à savoir déterminer la manière de tirer le meilleur parti de l’ordre international en gestation.
« Il convient de repenser la diplomatie tunisienne en tant que vecteur d’appui pour atteindre les deux objectifs prioritaires, à savoir comment consolider notre sécurité et relancer la machine économique tunisienne ? Autrement dit, l’intérêt national doit primer en tout lieu et tout le temps. ”, a-t-il insisté.
D’après lui, pourquoi ne pas renforcer les liens avec les Russes, les Chinois, les Brésiliens ? Il précise: “D’ailleurs on a bien vu la saison touristique a en partie été sauvée par l’arrivée massive des touristes russes, malgré le faux bond de la Grande-Bretagne ”.
Sur un autre volet, le retour des terroristes constitue une menace, sachant que le nombre de foreign fighters présents en Irak et en Syrie s’élève à 6000.
Il préconise de renforcer l’échange de renseignements avec les Russes. “Voilà un moyen de coopération avec nos partenaires russes”, conclut-il.