Y a-t-il une stratégie nationale de lutte contre la corruption ? Tel est en susbstance le débat organisé aujourd’hui par l’Instance nationale de lutte contre la corruption, en collaboration avec le PNUD, l’ATCP et l’ACCIA.
Abdelmajid Mekki, contrôleur en chef des services publics auprès du ministère de la Fonction publique et de la Gouvernance et de la lutte contre la corruption a déclaré : « A mon sens, il n’y a pas une stratégie nationale de lutte contre la corruption dans le domaine des achats publics. Or pour qu’un système fonctionne pour lutter contre la corruption, il faut qu’il y ait des réformes institutionnelles et des textes de loi. Il se trouve qu’il y a des défaillances notables dans notre système de gestion des achats publics ».
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Comment y faire face ? Il a répondu : « Il faut qu’il y ait une volonté politique et sociale, mais aussi une volonté des Tunisiens à contrer ce fléau ».
De son côté, le président de l’Instance nationale de lutte contre la corruption, Chawki Tabib, a indiqué : « Les achats publics s’élèvent à 15 milliards de dinars. Cela dit, on ne peut pas tout contrôler quand on a un tel chiffre, avec seulement 450 fonctionnaires qui font le suivi. Il est malheureux de le dire : la corruption existe encore».
Rencontré à cette occasion, Karim Belhadj Aissa, membre du comité exécutif de l’ATCP, a souligné qu’en 2016, deux ans après la promulgation du décret-loi concernant les marchés publics, « on en est au même point, c’est à dire à la case départ », a-t-il fait savoir.
Il continue : « On parle de corruption dans les marchés publics, sachant qu’à l’unanimité, on adopte les marchés publics comme levier principal de développement surtout dans nos régions. Nous sommes tous d’accord sur le fait que les marchés publics sont l’outil principal pour le développement régional».
Il poursuit : « Malheureusement aujourd’hui on se trouve devant des cas où la transparence n’est pas évidente. Les chiffres sont assez rares en matière de contribution dans les marchés publics, on parle plutôt d’estimation, de 30% jusqu’à 40% du budget sont exécutés par le marché public. Mais on n’a pas de chiffre réel démontrant que l’Etat exécute selon la procédure des marchés publics ».
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Selon lui, le domaine des marchés publics a subi plusieurs évaluations et il est judicieux de faire un état des lieux basé sur notre réalité.
Il conclut : « Cinq ans après la révolution, on parle encore du projet de loi concernant la protection des dénonciateurs et des témoins, c’est une aberration. Il faut adopter cette loi dans les plus brefs délais et c’est aussi l’exemple type pour démontrer l’absence de volonté politique en matière de lutte contre la corruption ».