L’Association des économistes tunisiens (ASECTU) vient de rendre public les 12 recommandations du Forum du futur, lors d’une conférence de presse à Tunis, en présence du président de l’Association Mohamed Haddar et de son président d’honneur l’économiste Mustapha Kamal Nabli.
Présentant les 12 recommandations, Mohamed Kamal Nabli a indiqué que cette présentation des recommandations vient une semaine après la clôture des travaux du forum.
Les recommandations en question ne sont pas un programme de développement indique l’ancien gouverneur de la Banque centrale de Tunisie tout en estimant qu’une tache pareille fait partie des rôles des partis politiques et des organisations nationales.
« Notre objectif est l’élaboration d’une méthode pour gérer la situation en Tunisie. D’ailleurs ce que nous proposons ne sont pas des solutions prêtes ». Il s’agit plutôt d’une plate forme sur laquelle, les programmes et les solutions devraient être préparés si non la réussite ne serait pas possible.
Les recommandations en question se regroupent en cinq axes : Justice sociale et inclusion, rôle du secteur privé, développement régional, réformes des institutions de l’Etat et relations de travail.
Pour ce qui est du suivi des recommandations, Mustapha Kamel Nabli a indiqué que les recommandations seront communiquées à tous les intéressés, par le biais des médias. Afin d’alimenter le débat. Il a indiqué par la même occasion l’importance de l’instauration d’un dialogue économique. Car d’après lui toute réforme nécessite un minimum de consensus.
De son côté, Mohamed Haddar, le président de l’association des économistes tunisiens est revenu sur le déroulement du forum. Le président de l’association s’est félicité de la réussite du Forum, tout en avançant que le nombre des invités a dépassé les attentes des organisateurs malgré la nécessité de se munir d’invitation pour accéder au forum.
Les invités étaient de tous bords : politiciens, banquiers, économiste et autres. Ce qui a permit l’instauration un débat fructueux et riche à la fois. La méthode qui a été adoptée est de faire un diagnostic (taux de croissance et situation socio-économique) avant de passer à la rédaction des recommandations.
Sur ces deux points, les participants ont été unanimes sur le fait que la situation économique est très difficile et met en péril la transition démocratique. Il a indiqué qu’il a été convenu que le taux de croissance ne dépassera pas les 2,3% ou 2,5% dans les prochaines années ce qui présente un faible taux par rapport aux années précédentes. Cette situation est contournable avec : l’augmentation de la productivité, augmentation du taux d’investissement public et privé, consensus indispensable sur les choix économique.
Ci-après les 12 recommandations :
En matière de justice sociale et d’inclusion
1- Adopter la consolidation des approches inclusives comme une priorité en matière d’emploi décent des femmes, des jeunes et dans les régions. Ceci contribuerait à la stabilité politique et sociale, à la croissance économique et à la réussite de la transition démocratique.
2- Adopter une nouvelle approche pour éradiquer la pauvreté et l’analphabétisme dans des délais raisonnables, par la restructuration et la rationalisation des programmes sociaux – peu efficaces- pour mieux cibler les bénéficiaires (dépenses de compensation, programmes d’aide sociale et de développement régional). Cette approche permettrait de renforcer “l’empowerment” économique et la sortie de la pauvreté des familles concernées, en même temps que la lutte contre certains phénomènes sociaux tels que l’abandon scolaire, le travail des enfants et le travail informel.
3- Considérer le développement des ressources humaines et l’égalité des chances dans l’accès à des services de qualité, dans les secteurs de la santé, de l’éducation et de la formation comme la base essentielle dans l’élaboration des politiques les concernant.
4- Œuvrer, vu le niveau de pression fiscale relativement élevé, à sa répartition entre les différents groupes de contribuables, conformément aux principes d’équité et de justice fiscale. Cette réforme doit être également accompagnée par une restructuration de l’administration fiscale pour une meilleure efficacité de ses interventions.
Concernant le rôle du secteur privé
5- Renforcer le rôle du secteur privé en vue de réaliser des taux de croissance économique élevés, en doublant le taux d’investissement privé dans le P.I.B. à plus de 25%. Ceci nécessite l’encouragement de entrepreneuriat, l’amélioration de l’environnement des affaires (simplification des procédures, suppression des obstacles), l’élargissement des domaines et des champs d’intervention, la diversification et l’amélioration des sources de financement.
6- Faire évoluer le secteur privé pour qu’il soit plus dynamique et compétitif, en matière de taille des entreprises et de leur viabilité, de leur gestion et de leurs relations avec leurs partenaires. Ce renforcement est de nature à contribuer à plus d’innovation, de création de richesses et d’emplois décents, dans le respect des lois sociales et des obligations fiscales.
En matière de développement régional
7- Promouvoir des pôles urbains intégrés, dotés de services de qualité dans tous les domaines, capables d’attirer les investissements et les compétences nécessaires. Cette approche doit s’inscrire dans une politique globale, volontaire et conséquente d’aménagement du territoire, en conformité avec le Chapitre 7 de la Constitution.
8- Mettre en œuvre une approche commune entre l’Etat, le secteur privé et les partenaires sociaux en vue de réaliser un développement global inclusif et équitable dans les zones de discrimination positive, ce qui exige des dispositifs et des mécanismes d’intervention adéquats pour la création d’entreprises à forte employabilité afin de résorber la crise sociale dans ces régions.
Concernant la réforme des institutions de l’Etat
9- Accorder une grande priorité à la révision profonde de l’Administration Publique selon les principes de la bonne gouvernance pour une meilleure efficacité de ses interventions au service du citoyen et de l’entreprise. Ceci implique la réduction, et autant que possible l’élimination du pouvoir discrétionnaire de l’Administration.
10- Moderniser le régime de la fonction publique en introduisant la souplesse nécessaire et en se basant sur la compétence dans la fixation du salaire et l’évolution dans la carrière.
11- Trouver l’équilibre entre les exigences de la neutralité de l’Administration et l’expression de la légitimité politique, afin de pouvoir réaliser les réformes économiques et institutionnelles et garantir l’efficacité de la mise en œuvre et l’évaluation des politiques publiques.
En matière de relations de travail
12- Instaurer un cadre de dialogue et de conciliation entre les partenaires sociaux qui régit les relations de travail permettant la réalisation de la paix sociale ; et mettre en place les mécanismes susceptibles de réaliser ces objectifs.